Je n'ai jamais compris cette fascination qu'ont les américains pour la Nouvelle Vague française. Donc c'est surement une bonne chose que ce soit un américain qui réalise ce film pour pouvoir y mettre autant d'amour et d'envie. (Quoi que "Le redoutable" était très réussi aussi). Et quand c'est Richard Linklater, réalisateur un peu indé aux States, on se dit que c'est vraiment le bon réalisateur pour ce projet.
Le résultat est d'ailleurs là et ne ment pas. C'est généreux en anecdotes, c'est gai, c'est beau, l'ambiance du Paris des années 60 est très bien reconstitué. Le casting derrière lequel on reconnait immédiatement leurs modèles, presque tous connus des cinéphiles est incroyable. Et cerise sur le gâteau, c'est en noir et blanc ET en français ! Ce qui est exceptionnel pour un film américain. Donc respect Mr Linklater !
Le film traite presque exclusivement de la production et du tournage d'"A bout de souffle", le chef d'œuvre incontestable de Jean-Luc Godard. Du reste de la Nouvelle Vague, vous n'aurez que des citations de quelques films que le cinéaste vous invite à voir et un défilé de gueules (nombreuses) avec leur nom qui apparait systématiquement pour les identifier (car vraiment très nombreux ! ). Ce film va donc encore contribuer un peu plus à cette légende française aux yeux des américains, qui souvent ne connaissent rien d'autre du cinéma français, si ce n'est peut-être Méliès et les frères Lumières...
Cette passion américaine pour la Nouvelle Vague, vient surement du fait que celle-ci s'inspire de leur cinéma des années 40, mais qu'avec la distance et l'océan Atlantique entre nous, doublé d'une distribution confidentielle dans leur pays à l'époque; ceux-ci n'ont vu que le meilleur de ce qui a été tourné. Le sommet de l'iceberg qui brille au soleil (et "A bout de souffle" symbolise incontestablement ce sommet). Alors qu'en France, le public a pu voir le reste de l'iceberg... et s'en est lassé très vite.
Arrivera alors le retour de bâton de ce succès quelques années plus tard, où l'industrie du cinéma français et surtout les studios français auront mis la clef sous la porte, à force de productions qui appliqueront presque systématiquement le principe de Godard, du cinéma moins cher pour être plus authentique... La bonne excuse... Depuis, le cinéma français traine toujours et encore une réputation de films d'auteurs fauchés, un peu chiants et le manque d'ambitions des films français durera jusqu'aux années 90. Quant aux studios français, ils ne retrouveront jamais l'excellence qu'ils avaient atteint avant la Nouvelle Vague (Carnet, Ophuls, Tati)...
Tout ceci pour nuancer un peu ce très bon film. Mais un peu idyllique quand même...