Sam Taylor-Wood, pour son premier long métrage, choisit de raconter les jeunes années de John Lennon, entre sa Tante Mimi qui l’élève seule depuis toujours, et sa mère, Julia, qu’il découvre enfin autour de ses quinze ans. L’histoire d’un adolescent dans l’Angleterre des années 50, qui cherche sa place dans le monde avec l’impression oppressante de n’être jamais nulle part, dit combien il est important de connaitre ses racines pour s’espérer, se dessiner un avenir.


Une scène exprime de couleurs ce que l’enfant Lennon reçoit de ces deux femmes : en rouge, Julia, mère passion, pleine de vie et de rires mais irresponsable, insouciante, en noir, Tante Mimi, discipline, travail, désespoir parfois, résignation, combat. Un vaste champ de valeur nourrit alors le jeune homme. John Lennon est le Nowhere Boy, un garçon qui, hors d’une famille traditionnelle, cherche sa place, et s’en fabrique une avec les bribes de ce qu’il a, de ce qu'il récupère. La rencontre avec Paul McCartney et George Harrison lui offre alors une échappatoire imprévue, un canal libre où exprimer, mêlées, l’ensemble des valeurs qu’il accepte de faire siennes sans en être toujours pleinement conscient.


Aaron Johnson incarne un John Lennon tourmenté, capable de grande douceur tout autant que de déchainements de violence verbale, capable de pure gentillesse comme du pire cynisme. Il donne corps à l’adolescent avant le mythe dans une prestation impeccable. Les autres Beatles, incarnés par de jeunes inconnus, n’ont pas autant de corps, ni autant de vraisemblance, c’est dommage car l’angle musical est évidemment un aspect très attendu.


Nowhere Boy est une esquisse de biopic intéressante mais un peu inaboutie, trop légère et trop dispersée. C’est certes un bon premier long métrage, et un film que je regarderai de nouveau avec plaisir pour la musique et l’anecdote, mais ce n’est pas un grand film. Il est vrai cependant qu’un biopic de John Lennon ne peut raconter sa vie entière, ni aborder d’un coup les complexités de l’homme en deux heures tant l’artiste est un mythe aujourd’hui.
Ainsi cet épisode de jeunesse exprime-t-il un universel, touchant. Identifiable.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les Meilleurs Biopics d'Artistes et The Beatles Tributes

Créée

le 16 juil. 2015

Critique lue 244 fois

Critique lue 244 fois

D'autres avis sur Nowhere Boy

Nowhere Boy
Aurea
6

Secrets de famille

C'est un nouvel éclairage de John Lennon que nous propose pour son premier long-métrage la cinéaste Sam Taylor-Wood en se penchant sur l'enfance puis l'adolescence, dans les années 1950, du futur...

le 14 août 2011

20 j'aime

9

Nowhere Boy
Hortance
9

Critique de Nowhere Boy par Hortance

Non parce que vous êtes rigolo vous, vous vous dites: » ah mouais Aaron Johnson, mais bon, il est entré dans une case le mec, avec Kiss-Ass BOOM, il peut plus rien faire, alors imaginez-le dans le...

le 23 janv. 2011

10 j'aime

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

6 j'aime

1