Motel hell, complètement inconnu en France, m'est apparu au fil du temps comme un petit classique du cinéma d'horreur aux USA.
Je crois que ce qui a marqué les spectateurs là-bas, c'est la même chose que j'ai retenu depuis que je connais ce film : son tueur au costume de redneck avec une tête de cochon et une tronçonneuse. C'est une raison suffisante pour avoir envie de voir le film, je pense.
Je crois y avoir repensé récemment en voyant un t-shirt avec ce fameux tueur sur "Rotten cotton".
Récemment j'avais envie de fictions médiévales trashs, c'est encore le cas, mais cela m'ayant mené à voir des trucs obscurs comme "Guru the mad monk" ou "Ms Stiletto", ça a aussi fait naître une envie de me remettre à voir plus de vieux films d'horreurs méconnus à la con.
Motel hell faisait partie du programme. Prochainement : certainement Blood diner et The ice cream man, wouh !

La présence du nom de Wolfman Jack au générique de début, et la musique bien classe de Lance Rubin m’ont rapidement fait voir le film d’une autre façon, comme si rien que ça le faisait passer à un tout autre niveau, me donnant l’idée que ce n’est pas qu’un vieux slasher cheap, Motel hell est un vrai film. De suite je me suis imaginé que je verrais quelque chose de plus soigné que prévu. Comme je l’ai découvert ensuite, l’acteur principal, Rory Calhoun, est quelqu’un qui a quand même joué dans "Rivière sans retour" d’Otto Preminger.
Ca fait bizarre, étant donné que l’acteur, bien plus âgé maintenant, joue Vincent Smith, un vieux fermier assez louche qui s’avère plutôt fou. Pour sa sœur, Ida Smith, c’est plus évident dès le départ : elle est vraiment siphonnée (je devine que c’est sa sœur, je crois pas qu’on établisse vraiment les liens entre les personnages).
Ils semblent mener des affaires pas nettes dans leur motel, mais ça tombe bien pour eux : le shériff du coin fait partie de la famille !
Ce qu’on sait rapidement, c’est que Vincent pose des pièges sur la route. Après, on insiste pas mal sur le bon goût de sa viande, "c’est comme si je n’avais jamais goûté de viande de porc avant", etc ; on comprend aisément de quoi il en retourne.
Tout cela évoque pas mal Massacre à la tronçonneuse, évidemment.
(EDIT : apparemment Tobe Hooper devait même réaliser Motel hell :
http://www.imdb.com/title/tt0081184/trivia )
Les scénaristes, à partir de l’idée de base, ont quand même pensé à faire dans l’originalité.
Ce qu’Ida et Vincent font des corps : ils les "plantent", dans le sol. Et ils attendent le bon moment pour faire la récolte.
Néanmoins, l’envie de se démarquer donne parfois des idées pour le moins étrange. Avant de tuer leurs victimes dont la tête ressort du sol, Vincent et Ida les hypnotisent avec de gros projecteurs, leur faisant croire qu’ils vont sur Mars…
Parmi les clients du Motel Hello (got it ?), débarquent à un moment des échangistes. Ces derniers se réjouissant quand on les ligote, pensant que les Smiths sont adeptes du bondage eux-aussi ! Ces personnages comiques apportent leur lot de jeux de mots et de blagues à la con.
A l’inverse de ces excentriques, les Smiths sont des gens simples. Ces campagnards s’occupent uniquement de leur motel et de leur commerce de viande, et Vincent trouve de la satisfaction là où il peut. Il se rend compte de l’importance des pièges qu’il tend aux gens de passage, car ça lui donne l’occasion d’être créatif, à ce pauvre travailleur.
Je trouve ça pas mal comme élément pour donner un peu de vie aux personnages. Après, on nous ressort le propos classique pour expliquer le meurtre et la commercialisation de viande humaine : on règle en même temps le problème de surpopulation et celui de manque de nourriture.

Quand Terry, une femme à qui il a tendu un piège survit, Vincent pense que c’est un signe et il la prend sous son aile. Je ne comprends pas trop, étant donné que dans tout le film, il n’y a qu’une seule personne qui meurt à cause d’un des pièges, et c’est le copain de Terry. Ou son mari, car encore une fois, les liens entre les personnages ne sont pas bien posés.
Terry apparaît comme l’héroïne, un peu par défaut, car elle n’a pas grand-chose d’une leading lady. Elle est un peu paumée tout du long, son compagnon est mort dans un accident causé par les Smiths, mais elle semble relativement peu bouleversée, elle paraît juste perdue, et elle s’en remet vite. Elle flirte avec le shérif croit-on, mais en fait non, elle le rejette… pour finir avec Vincent Smith ! Certes, on la voit lui faire un bisou sur la joue un soir (on se demande déjà d’où sort cette affection), mais leur relation intime sort de nulle part, et voilà déjà qu’ils décident de se marier !
Au début, elle reste auprès des Smiths parce qu’ils décident qu’il en sera ainsi pour elle, comme si elle était une enfant. Et comme une enfant, elle obéit sans se poser trop de questions.
On n’a personne en fin de compte à qui se raccrocher dans ce film : les Smiths n’ont pas grand-chose d’attachant (je considère qu’on peut s’attacher à un méchant), le shérif s’avère être un peu un connard car il cherche à abuser de Terry, et cette dernière n’a pas de personnalité et est loin d’être une lumière.
On essaye de la tuer plusieurs fois, mais elle ne se doute de rien. Quand on lui tend un verre de "champagne" de couleur verte, elle ne le remarque même pas. Et elle va se baigner avec un t-shirt blanc, non mais quelle idée !
Quand elle va voir un film avec le shérif, ils se garent à distance (gag : le policier dégage les couples qui se sont garés pour baiser en allumant sa sirène), et regardent le film à travers des jumelles. Le shérif semble fier de cette idée, Terry a l’air de le trouver cool pour ça, peut-être que l’avantage de procéder ainsi est qu’ils sont seuls et non entourés d’inconnus sur le parking du drive-in, mais je trouve ça vraiment con en fait… pourquoi se faire chier à tenir des jumelles en permanence afin de voir un film ?
Enfin bref.

Le cochon tueur, il tarde à arriver.
Mais quand il fait son apparition, mise en scène d’une façon qui fait qu’on sait que le réalisateur a compris que ça deviendrait un passage culte, là j’étais hilare.
S’ensuit un combat assez intense entre deux personnes chacun armé d’une tronçonneuse.
Toute la fin est plutôt amusante, donc. Les derniers mots de Vincent sont géniaux.

Voilà pour ce qu’il y a de bien dans Motel hell : son redneck psychopathe à tête de cochon, et sa BO. Le reste du temps, hormis quelques bonnes idées par-ci par-là, c’est soit inintéressant, soit assez bête.
Le film ne comporte même pas tellement d’effets sanglants. Le maquillage d’une cicatrice sur la gorge d’une victime est pas mal fait ; autrement, on a des gros plans peu impressionnants lors des découpes à la tronçonneuse.
A mon avis, Motel hell est surtout resté en mémoire pour son cochon. Qui n’apparaît véritablement que dans une des dernières séquences. Sa photo a remplacé l’affiche sur plusieurs éditions DVD et VHS, il a inspiré un personnage du jeu-vidéo Manhunt, il est sur les covers du comic book (oui car il y a un comic book Motel hell !), sur tous les t-shirts du film, et on peut même en trouver un costume indécemment cher sur eBay !

Et à côté de ça, la BO du film n’existe même pas sur CD ou tout autre support, ce que je trouve scandaleux. J’ai cherché à quoi me faisait penser la musique, je crois que j’y reconnais un truc à la "Dexter", mais il n’y a pas que ça… A écouter anyway.
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le 9 sept. 2012

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Wykydtron IV

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