Le film de LVT, Nymphomaniac, tente d’explorer sans ambages la sexualité et, en particulier, celle des femmes. Aux moyens d’un récit initiatique, on voit progresser le rapport d’une enfant au monde qui l’entoure à travers ce qui lui est le plus intime et intérieur : sa sexualité. La fille grandit dans une famille où le père est médecin et la mère une femme au foyer froide et castratrice. Le papa étant donc quelqu’un d’éduqué et d’instruit, sait parfaitement qu’il faut laisser aux enfants le temps et l’intimité nécessaires pour explorer leur sexualité. ( La scène de la salle de bain est particulièrement révélatrice).
Le père initie sa fille à la botanique et lui donne le gout d’observer la nature et de profiter d’une marche dans un parc ou une forêt. LVT use d’une analyse plutôt bettelheimienne (Bruno Bettelheim) de l’enfance avec ce qu’elle peut comporter de castrations, frustrations mais aussi toutes ses constructions symboliques autour de la nature et de l'espace. Il y a quelque chose de stellaire chez LVT, une poétique de l'espace et de l'existence présente dans beaucoup de ses films (Melancholia).


La scène de la progression en parallèle du récit de la protagoniste et celle de la musique de Bach est incroyable. Celle avec la femme mariée qui apportent ses enfants à l’appartement de la maitresse de son mari est grandiose. On y voit une sorte de déconsctuction de tout le tragique de ce genre de scènes qui se produisent plus souvent qu'on ne le pense. On comprend qu'il est absurde d’infliger aux enfants ces scènes de ménages et à quel point il est important de distinguer vie conjugale et la présence d’enfants dans le couple. Le mari se retrouve avec sa femme devant cette jeune fille qui avoue ne pas l’aimer et qui comprend avoir agi par curiosité et ennui. Les hommes se persuadent peut-être un peu trop de ce qu’ils veulent.


Plus important encore, le film questionne notre moralité d’une façon certes crue mais qui a le mérite de nous faire travailler. Il n’est pas question d’un film complaisant à l’eau de rose. LVT semble trouver un malin plaisir à aborder tous ces sujets tabous qui sont les piliers devenus chétifs et grêles de notre société.

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le 3 janv. 2016

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