Quand tous les indicateurs sont au rouge, il faut parfois se rendre à l'évidence : ce film avait l'air moisi, eh bien, il s'avère moisi. N'est pas Soderbergh qui veut, il ne suffit pas de réunir un casting glamour autour d'un cambriolage luxueux pour accoucher d'un bon film. En échouant lamentablement là où réussissait brillamment son pote Soderbergh, Gary Ross se dévoue héroïquement pour nous le prouver.


Alors on a tous bien compris que l'ambition du projet était plus d'initier une nouvelle trilogie de films (numérotés 8/9/10, histoire de raccorder avec les 11/12/13, c'est brillant, n'est-ce pas) que de nous pondre un bon film, mais bon, une bonne surprise étant toujours possible, j'avais quand même décidé de lui laisser sa chance. Naïf que j'étais... C'est complètement daubé du début à la fin. Alors évidemment le film tente vainement de reproduire la recette de la trilogie, on recycle au passage quelques scènes et dialogues histoire de, on ramène même deux anciens pour des caméos, on fait plein de clins d’œil à Danny Ocean ; sauf que tous ces petits trucs disséminés régulièrement tout au long du film ne font que nous rappeler tout aussi régulièrement que Ocean's Eleven c'était quand même bien cool, et que le convoquer ne fait rien d'autre que faire souffrir ce Ocean's 8 de la comparaison.


Là où Soderbergh nous proposait un spectacle drôle et virtuose, classe et décontracté, porté par des acteurs au sommet de leur charisme, on se retrouve ici avec un bon produit sans aucune âme, ni drôle drôle ni virtuose, décontracté mais sans être classe, et porté par un casting complètement à la ramasse : il faut quand même arriver à supporter le visage ravagé par le botox de Sandra Bullock (qui ressemble à s'y méprendre à Michael Jackson sur certains plans, et je n'exagère pas) et de manière générale, tous les gros plans sur les visages de Cate Blanchett, Helena Bonham Carter et elle, tellement retouchés numériquement que leurs visages font juste atrocement faux. Elles aussi, on leur a effacé numériquement une moustache encombrante ? Bon, heureusement Anne Hathaway est là pour relever le niveau (d'ailleurs, c'est elle que j'aurais volée, plus que le collier de diamants autour de son cou, m'enfin).


Puis le film n'est absolument pas inventif, toutes les "blagues" tombent à plat, et le pire, c'est quand ça se veut classe, c'est juste gênant. Je suis encore effaré de la scène du début dans la parfumerie, dans laquelle Sandra Bullock vole des parfums et cosmétiques, avec un plan qui ne tient pas debout une seconde, et qui a pourtant fait applaudir un groupe de filles dans la salle (misère... mais bon, on se console en se disant que Vanessa et Kimberley vont tenter de le refaire chez Sephora après le film et finiront la soirée en garde à vue). Puis merde, l'épilogue : je n'avais pas vu de transitions aussi dégueulasses dans un film depuis le changement de siècle. En fait, le film accumule les mauvaises idées et les trucs de mauvais goût, si bien que lorsque l'on entend au détour d'une scène une chanson d'Aznavour, cette chanson (qui est le seul bon truc du film) fait tâche. C'est quand même perturbant d'en arriver là.


Bref, c'est une merde complètement dispensable. D'autant plus dispensable d'ailleurs que Soderbergh lui-même sortait il y a six mois seulement (et dans une relative indifférence) son Logan Lucky, variation d'Ocean's Eleven chez les ploucs, autrement plus réussie. A ceux qui espéraient impatiemment depuis dix ans un quatrième Ocean's, je ne peux donc que vous conseiller ce Logan Lucky, qui devrait vous en donner bien plus pour votre argent (et votre temps (donc votre argent)) que cette tentative bidesque d'Ocean's 8 de relancer la série.

ServalReturns
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le 16 juin 2018

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