OG
OG

Film de Sujeeth Reddy (2025)

Spécificité imputable au blockbuster indien (telugu dans ce cas précis) ou simplement à son réalisateur, toujours est-il qu’il faut vraiment s’accrocher pour parvenir à suivre l’intrigue de ce gigantesque bordel narratif qui nous balance trois nouveaux personnages à chaque séquence, entremêle avec une gourmandise confinant à la boulimie tragédie familiale, guerre des gangs, bluette, baston, complots, vengeances et trahisons… à une vitesse malheureusement trop élevée pour espérer nous investir émotionnellement dans tout ce fourbis. Ce qui n’est guère aidé par la manie du long-métrage à revenir constamment sur les évènements précédents pour nous délivrer un nouveau twist : une figure de style là encore très caractéristique du cinéma indien, mais poussée ici dans des extrêmes délirants, au point que même le flashback du flashback à droit à son flashback ! Ça en devient d’ailleurs assez fun dans la dernière partie, et on s’amuse à essayer de deviner quel retournement teubé le réalisateur/scénariste va bien pouvoir nous sortir de son chapeau.


Paradoxalement, c’est ce trop-plein qui constitue l’intérêt d’un long-métrage essentiellement caractérisé, comme bon nombre de films indiens à grand spectacle, par sa générosité constante et excessive. Et autant dire qu’à chaque apparition du fameux OG, c’est la fête du slip : ralentis et poses iconiques à faire passer Zack Snyder pour la dernière des pucelles, musique assourdissante, couleurs pétantes, des flammes partout… l’héroïsation du protagoniste, à cheval entre sauveur messianique, parangon de badassitude et version tollywoodienne de John Wick, est à son apogée, au point d’avoir déclenché l’hystérie du public autour de moi à chacun de ses froncements de sourcil (l’ambiance d’une salle de cinéma pour un blockbuster indien, c’est quelque chose de difficilement descriptible, mais c’est festif et très joyeux y à pas à dire). De quoi atténuer la légère déception provoquée par les scènes d’action qui, si elles ont au moins le mérite de la lisibilité et de la variété, sont très loin de toucher à la folie conceptuelle des morceaux de bravoure d’un Rajamouli. Sans parler de cet emprunt totalement gratuit à la culture japonaise dont le réalisateur ne fait pour ainsi dire rien les trois quarts du film (un comble), avant de se réveiller dans un final explosif ayant visiblement pour but principal l'annonce d'une suite.

Little-John
5
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le 26 sept. 2025

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Little John

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