La chose est évidente dès les premières images de On becoming a Guinea Fowl, corroborant ainsi l'impression laissée par son long métrage précédent, I am not a Witch : Rungano Nyoni est une cinéaste singulière. La native de Lusaka (Zambie) s'attaque ici aux traditions patriarcales de son pays natal mais, au-delà d'un contexte très africain, ses messages, aussi teintés de symbolisme soient-ils, ont une valeur universelle, quant à la place de la parole des femmes dans la société, y compris lorsqu'il s'agit de dénoncer des atteintes à leur dignité et, bien plus grave, à leur intégrité physique. On becoming a Guinea Fowl déstabilise d'emblée et interroge notre perception, avec son titre a priori énigmatique, qui fait allusion à un animal, la pintade, dont le cri, en quelque sorte, sert d'avertissement devant un danger imminent. Le film n'expose pas une violence frontale mais enracinée et sournoise, acceptée et même tolérée, hélas, puisque partie prenante de mœurs séculaires. Mais les temps changent, les pintades ne se taisent plus et remettent en question un état des attitudes depuis longtemps figées. Rungano Nyoni l'affirme à travers un onirisme et une fantaisie parfois surprenants mais qui n'édulcorent en rien la puissance du propos.