De l'entrepôt aux allures de ferme à bénéfice, au quotidien cyclique impassible, On Falling est l'addition exacte de Union (2024) et Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975).
Le seul problème est que cette unification n'est pas nécessaire : ou bien l'on filme discrètement les réelles conditions de ces travailleurs, victimes de l'esclavagisme moderne, ou bien l'on met en scène trois heures d'une monotonie de vie pénible et insupportable.
Le rendu est ici bien trop simple et hasardeux. Le message anticapitaliste, immanquable, se ressent, mais qu'avons-nous de plus à proposer ? On ne peut même pas s'accrocher au personnage, ni constater réellement quelques ouvertures sur la condition ouvrière. C'est une approche voulue, évidemment, mais n'aurait-il pas été plus judicieux de fournir, à l'instar de Ken Loach (lui-même fondateur du studio qui produit le film), quelques moments humains et gais ? J'entends par là ni apitoiement ni portrait ambigu. Car dans le film, on a bien l'impression que c'est Aurora qui, par sa timidité, son addiction au téléphone et sa retenue, est la cause de sa propre condition plutôt que la société.
Cela reste un ressenti, mais selon moi, on gagne tellement plus à mettre en scène un problème actuel par des images réelles ou une métaphore ingénieuse. Faire une fiction qui se veut conforme à l'actualité fait perdre toute sa valeur au propos.
S'agissant de filmer le travail et la condition d'ouvriers, je pourrai bien faire le parallèle avec un cinéaste chinois gouvernant cet art depuis 2002, mais j'en ai déjà bien trop parlé, il me semble...