Pour son premier long métrage la réalisatrice portugaise Laura Carreira qui vit en Ecosse propose une chronique sociale, à travers le subtil portrait d'une jeune femme déracinée.
Le récit réaliste suit le quotidien d'une préparatrice de commande loin de son Portugal natal dans un entrepôt écossais de l'entreprise multinationale Amazon.
La caméra minimaliste aux cadrages reserrés capte l'effrayante réalité du travail chronomètré à coups de bip et illustre la société algorithmée, cadencée par le consumérisme à outrance dont les employés ressemblent à des nouveaux esclaves modernes que l'on récompense de manière dérisoire.
Entre son boulot harassant, une colocation précaire avec d'autres immigrés et des conversations banales avec ces collègues d'infortunes, le récit montre la morne vie quotidienne d'Aurora la protagoniste principale (incarnée brillamment par Joana Santos) à l'horizon bouché comme le ciel écossais. Cette œuvre rigoureuse à la narration lente ausculte avec justesse la fragilité mentale voire l'isolement provoqué par ce type de boulot, et les liens sociaux qui tentent de survivre malgré la déshumanisation du travail.
Modeste dans sa forme mais profondément politique et humain, cette première pierre cinématographique borne le chemin prometteur de sa cinéaste, à suivre...