Foutraque, rageur, souvent drôle, déconcertant, énigmatique et, quoiqu'il en soit, superbe.

Juste après mai 1968, en pleine période de crise politique et existentielle, où il remet en cause son statut de cinéaste vedette, Jean-Luc Godard accepte un contrat pour réaliser une production anglaise avec les Rolling Stones. Il s'agit de filmer l'élaboration et les répétitions, bref le processus de création, d'un de leurs morceaux. Godard et son équipe anglaise investissent le studio d'enregistrement des Stones et filment, pendant plusieurs jours, l'élaboration de la chanson « Sympathy for the Devil ». Godard entrecoupe les scènes d'enregistrement avec les Stones d'une série de sketches portant notamment sur les Black Panthers, sur une jeune femme symbolisant la démocratie libérale interviewée par la télévision, sur une librairie porno-nazie. Tout cela est filmé en de longs plans séquences d'une dizaine de minutes, dont le splendide final où « Eve Démocratie » est mise à mort et s'élève dans le ciel, entourée d'un drapeau rouge et d'un drapeau noir, sur une grue de cinéma. Un film en devenir qui met en parallèle de processus créateur et le processus révolutionnaire. En devenir car one + one ne feront jamais deux et on ne verra jamais la version finale et définitive du morceau des Stones, ce qui entraînera les producteurs anglais, déçus, à remonter le film en l'incluant, déclenchant ainsi la colère de Godard et expliquant l'existence de deux versions du film, la version Godard et la version des producteurs. C'est un film foutraque, bien que certainement très pensée, rageur, souvent drôle, déconcertant, énigmatique et, quoiqu'il en soit, superbe.

Jean-Mariage
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le 7 juin 2017

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Jean-Mariage

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