C'est un film qui est beau, ca personne ne peut lui enlever. D'ailleurs si vous êtes propriétraire d'un écran plasma et que vous cherchez un film pour régler la saturation des couleurs, ce film est fait pour vous. Pour le reste, c'est pas vraiment interessant. Oeuvre d'art peut-être, mais pas du septième, il manque quelques composantes pour cela.
Des acteurs pour commencer, tous aussi expressifs que des portes de prison, pour un film qui se targue de vouloir faire quasiment sans dialogue, c'est compliqué.
Un scénario aussi, le pitch de base est pourtant interessant et fournit une base vraiment exploitable pour un film de genre. Les personnages sont travaillés, les seconds rôles crédibles, ce qui donne un cachet "Mafia de Bangkok" qui tient la route. Hélas, mille fois hélas, il y à le personnage de Ryan Gosling qui ne sert strictement à rien dans l'histoire, ni héros, ni anti-héros, tout juste aussi important qu'un second rôle, il est pourtant constamment mis en avant pour essayer de donner un interêt au personnage. Et que vas-y je te rajoute des fausses/vraies scènes de sexe avec une prostituée, et vas-y que je te rajoute des délires mystico-divinatoires car "il sent que sa punition arrive" et vas-y que je te rajoute des scènes où je me regarde dans la glace pour bien faire comprendre au spectateur que je suis torturé, ca fait une heure que le film en parle mais on sait jamais y'en a peut-être qui ont pas encore compris. Bref, malgré toutes ces scènes rajoutées, le personnage est creux. Sa mère le décrit comme dangereux, violent, on le voit tabasser un type gratuitement et pourtant sa principale caractéristique est l'apathie.
Apathique d'ailleurs, c'est un adjectif qui pourrait s'appliquer au film en général. En fait le réalisateur essaye de jouer avec que des scènes d'émotion que l'on retrouve dans tout bon film. Action ralentie, montée en puissance permettant au spectateur de sentir la tension qui monte, ces scènes sont en général dans les films celles qui marquent l'esprit car on sent inconsciemment que "ca va péter". Seulement, ces scènes là sont des crescendo, avec des changements de rythme qui justement les mettent en valeur et les subliment. Or dans Only God Forgives, tout ca tombe à l'eau car le rythme lent est déja la constante du film, la montée en pression retombe au bout d'une dizaine de minutes quand le spectateur comprend que ce n'est pas un crescendo mais bien juste le rythme général du film. Résultat les scènes qui pourraient être sublimées par cette manière de filmer telle le duel entre l'inspecteur et Ryan ou la confrontation entre la mère et l'inspecteur tombent à plat car le rythme n'a pas changé d'un iota et le spectateur qui s'ennuyait déjà... s'ennuie toujours.
Bref, tout ca pour dire qu'a trop vouloir faire dans le non-conventionnel, on fait du chiant. Mais c'est bien on reprochait ca au cinéma français avant, il faut croire que le film chiant s'exporte à l'international.