Vers la fin d'Onoda, une séquence vaguement réminiscence du cinéma d'Ozu montre les principaux lieux du drame vidés de toute présence humaine. Si c'est peut-être l'un des plus beaux moments du film, il met cependant en avant l'un de ses choix les plus discutables : l'espace, que l'on soit en 1944 ou en 1973 est presque toujours filmé de la même manière. Qu'il soit habité ou non, il ne semble retenir (à quelques exceptions près) ni la folie de la guerre, ni la solitude hantée par le souvenir des morts. Il n'y a sans doute qu'à la fin, où le protagoniste revient faire hommage à ses compagnons morts, à l'image du nœud défait par les années, qu'on pourrait voir le potentiel d'une guerre dont les traces s'effacent avec le temps. On regrettera le fait que son poids émotionnel soit quelque-peu tronqué par les raisons que l'on vient de décrire, ainsi qu'une conclusion qui tire en longueur.


Reste cependant l'idée d'un chant qui reste le même, bien que les paroles soient pour chacun différentes. Ce même chant, qui hante l’œuvre, et qui est sans doute la clef pour appréhender sa poétique, semble représenter le lien entre l'individu et le groupe, entre l'homme et une certaine unité cosmique, un monde indépendant du monde qui serait l'île de Lubang.

locsi
6
Écrit par

Créée

le 1 août 2021

Critique lue 415 fois

1 j'aime

locsi

Écrit par

Critique lue 415 fois

1

D'autres avis sur Onoda

Onoda
Grimault_
9

La Guerre des mondes

Après Diamant noir en 2016, film noir à la mise en scène puissante et hautement symbolique, Arthur Harari signe avec Onoda, 10 000 nuits dans la jungle un second film d’une maturité impressionnante,...

le 17 juil. 2021

64 j'aime

5

Onoda
Moizi
6

Enchaînement de lieux communs/20

J'avais beaucoup d'attentes sur ce Onoda et c'est surtout de la déception qui en ressort. En fait j'ai vu un film beaucoup trop long et qui n'arrive jamais à sortir d'un certain académisme. Disons...

le 16 janv. 2022

34 j'aime

5

Onoda
Procol-Harum
8

La fiction dont les légendes sont faites

Et si le plus grand drame de la guerre était moins de mourir au combat que de nourrir cet oubli dans lequel on plonge bon nombre de combattant : à votre sacrifice, la patrie est reconnaissante, mais...

le 18 déc. 2021

27 j'aime

2

Du même critique

Nomadland
locsi
3

Les marges du politique

Il y a quelque-chose de presque bâtard dans la façon dont Chloé Zhao semble vouloir mêler les codes de la docu-fiction réaliste avec une esthétique de l'épiphanie individuelle quasi-malickienne sans...

le 8 juil. 2021

25 j'aime

5

Rabbits
locsi
10

Fin de partie

Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit. En adoptant la forme théâtrale,...

le 13 sept. 2016

10 j'aime

Vers l'autre rive
locsi
7

Oui je chiale pour des fleurs en papier moi

Et je le sais pourtant que je devrait être moins généreux envers ce film, et elle me titille cette part rationnelle en dedans de moi qui me dis que bon dieu, c'est beau, c'est très beau même, mais...

le 26 oct. 2015

7 j'aime

2