Le problème de ce genre de mégaproduction, c'est qu'on sait à l'avance que les personnages, on n'en aura rien à branler. Absolument personne n'est allé voir ce film pour voir comment le héros allait réussir à faire le deuil de son frère (et heureusement d'ailleurs). Partant de là il y a deux solutions. Soit tu fais dans le personnage ultra-caricatural, grossier, drôle et qui t'envoie de la punchline à tout va (ce qu'Independence Day avait très bien réussi, ne vous en déplaise), soit tu minimises à fond le développement des persos, quitte à ne pas avoir de réel protagoniste, solution certes plus casse-gueule mais qui peut fonctionner (dans un tout autre style, M le Maudit y parvenait très bien).
En allant voir Pacific Rim, le public voulait voir des robots se foutre sur la tronche avec des monstres géants. Point barre. Du coup il est regrettable que la première heure du film se compose exclusivement des dilemmes pathétiquement artificiels de tous ces personnages. On a en vrac :
- le héros qui a abandonné le combat et juré de ne jamais recommencer qu'il faudra 0,7 seconde pour convaincre de revenir
- le chef qui a traversé la moitié de la planète pour venir chercher personnellement le SEUL mec capable de piloter une machine qui doit coûter des milliards (!) et qui passe le reste du film à le menacer de le dégager s'il obéit pas à ses ordres...
- la nana qui pense que le héros n'est pas de taille, qu'il a un comportement irresponsable, qu'il met en danger lui-même et son partenaire, mais qui veut quand même piloter avec lui plus que tout au monde
- (re) le chef qui veut pas que la nana pilote mais qu'après il saigne du nez dans l'ascenseur alors il change d'avis, mais après la nana elle fait de la merde alors il re-change d'avis, mais après il y a besoin d'eux quand même alors il re-re-change d'avis...


Bref. Ce film est un enchaînement de pitoyables atermoiements scénaristiques qui permettent à chaque fois de faire gagner 5 ou 10 minutes en durée, mais n'apportent absolument rien de plus. Donc ouais, je sais bien que le scénar on s'en fout, dommage du coup qu'on soit obligé de s'en farcir des litres et des litres.


Donc sinon dans le film il y a des gros monstres qui se battent contre des robots, Ça oui, pas de souci. Il faut attendre une heure après le prologue pour en voir mais ça je l'ai déjà dit alors passons. Non le problème c'est juste que, quel que soit le combat, on ne voit strictement rien. Il fait toujours nuit, il pleut toujours des lacs entiers, et en plus il y a toujours plein d'eau/poussière/fumée qui vole dans tous les sens. Ajoutez à ça une caméra hyper-rapide et des plans hyper-courts et voilà : on comprend rien à ce qui se passe lors des combats. Ça devient même pire quand il y a plusieurs robots et plusieurs monstres : bonjour le chemin de croix pour les différencier !
De manière générale, les visuels du film ne sont pas transcendants. La scène d'intro était cool, avec l'attaque sur San Francisco, mais pour le reste... La base militaire ressemble à n'importe quelle base standard dans n'importe quel film de SF standard. Hong Kong est une énième variation sur le thème "les bas-fonds crados mais lumineux" initié par Blade Runner. Reste la dimension d'origine des kaijus, qui était visuellement très chouette mais qu'on ne voit que très peu.
Bon il faut quand même reconnaitre que les monstres ont la classe, même s'ils se ressemblent un peu tous.


Concernant les acteurs, le pauvre Idris Elba, qui décidément semble osciller entre très bonnes séries et films de SF médiocres, fait ce qu'il peut mais son personnage est tellement plat que ça ne donne vraiment pas grand chose. Les autres sont un peu pareils : pas de mauvaise performance en soi, mais un rendu global très fade, sans grands éclats. Cela dit c'est avant tout dû à l'écriture risible (et ne parlons même pas des dialogues !).


La seule vraie bonne idée du film, en fait, c'était le coup de la connexion neuronale entre deux personnes, qui pilotent un robot via des souvenirs partagés. Seulement là aussi la concrétisation ne donne rien. On nous explique qu'il faut que les deux personnes aient des souvenirs partagés (frères, couple, père & fils...) puis finalement le héros va s'associer avec une nana qu'il ne connait ni des lèvres ni des dents. L'idée de partager ta conscience était prometteuse et aurait pu donner quelque chose de très intéressant en termes de réflexion sur l'identité, sur la mémoire, sur les conséquences neuropsychologiques d'une telle expérience, mais là au final ça ne sert qu'à introduire l'histoire du traumatisme de la nana, qui n'est qu'une des excuses scénaristiques citées plus haut.
Il y avait aussi l'idée, peut-être encore plus intéressante, de la connexion entre un humain et un kaiju. Herbert West et (surtout) Wayne Szalinski passent une bonne partie du film à essayer d'établir une connexion avec un cerveau kaiju (on ne reviendra d'ailleurs pas sur pourquoi Idris Elba a envoyé le petit geek de labo rencontrer son dealer plutôt que quelqu'un de plus "qualifié"), avec des promesses intéressantes : les kaijus ont une conscience collective et ont donc ressenti la première connexion, et par la suite ils recherchent activement Szalinski. Pourquoi ? On ne le saura jamais. Le payoff de cette sous-intrigue, de loin plus intéressante que la trame principale, c'est : "Il faut vous accrocher à un kaiju mort sinon vous ne passerez pas la Brèche !" OK... Ça valait le coup. (Par contre pour le retour no problemo, tu passes comme papa dans maman.)


Ah oui une dernière chose pour toi Mako Mori : quand ton pote gît sans pouls devant toi, en général les massages cardiaques et le bouche-à-bouche c'est plus efficace que les câlins et les "Ne meurs pas s'il te plait !" Bordel mais t'as pas fait ta JAPD ou quoi ?


Oh et puis ce film c'est maladresse sur maladresse.
Pourquoi les kaijus attaquent d'abord un par un ?
Pourquoi est-ce qu'ils envoient les petits en premier ?
Pourquoi est-ce que, quand il y a un jaeger désactivé devant lui, le kaiju lui tourne en rond autour en laissant les pilotes sortir et l'attaquer alors qu'il pourrait le démolir en une pichenette ?
Pourquoi les mecs ont attendu 10 ans avant de tenter la connexion neuronale avec les kaijus ?
Pourquoi ils laissent des dépressifs piloter les machines de guerre les plus chères et les plus dangereuses de la création ?
Pourquoi les politiques abandonnent leur seul moyen de défense efficace ?
Pourquoi les pilotes attendent de pas avoir le choix avant d'utiliser leur super épée, autrement plus efficace que des coups de poing ?
Pourquoi le kaiju volant attend-il d'être mourant pour se souvenir qu'il a des ailes ?
Pourquoi ils attendent la fin de la mission pour envoyer les hélicos de sauvetage ?


Franchement j'ai préféré Transformers. Au moins Megan Fox elle est bonne.

Créée

le 19 mai 2014

Critique lue 421 fois

13 j'aime

9 commentaires

YellowStone

Écrit par

Critique lue 421 fois

13
9

D'autres avis sur Pacific Rim

Pacific Rim
real_folk_blues
8

The big Oh !

Nom d’un boulon, je sais pas par quoi commencer. Guillermo tu t’es vraiment fait plaisir. Hey Zack, j’ai vu une vraie figure messianique. Après tout, Jésus était noir, non ? Putain j’ai eu ce que...

le 21 juil. 2013

190 j'aime

65

Pacific Rim
Hypérion
7

Les Jaegers, en marche sans frémir.

Bon. Est-ce vraiment utile de faire une longue critique à propos de Pacific Rim ? Il n'y a pas de tromperie sur la marchandise, Guillermo Del Toro remplit parfaitement le cahier des charges. C'est...

le 19 juil. 2013

179 j'aime

12

Pacific Rim
guyness
4

La folie des glandeurs

Ayant pris la ferme résolution de ne plus jamais sombrer dans la facilité, j'ai décidé de vous épargner des titres simples et attendus comme: - Pacific Rim à rien. - Pacific ne Rim pas à grand...

le 12 juil. 2013

139 j'aime

140

Du même critique

Watchmen
YellowStone
10

Quelle claque !

Ça faisait longtemps que je l'attendais celle-là ! Il y a peu de temps, je me disais que ça remontait à loin ma dernière claque culturelle. Vous savez, quand on découvre un truc complètement nouveau...

le 9 oct. 2012

75 j'aime

11

Batman contre le Fantôme Masqué
YellowStone
9

En termes de longs-métrages Batman, il y a ça, et il y a le reste.

Nous sommes en 1993. Forts du succès de la série animée Batman, les auteurs de celle-ci se lancent rapidement dans un long-métrage, situé dans le même univers fictif (le fameux DCAU). Ils décident de...

le 19 oct. 2012

71 j'aime

11

14 millions de cris
YellowStone
2

LOL

Juste une bafouille rapide histoire de répéter les autres critiques. On juge ça en tant que film ou en tant que pub ? En tant que film c'est naze. C'est moche bien sûr (le noir et blanc sert à quoi...

le 7 mars 2014

70 j'aime

15