SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Dans Paradis d'Andreï Konchalovsky, c'est le dispositif qui s'impose, presque davantage que son sujet. Trois témoignages post-mortem, face caméra, en trois langues, de témoins du nazisme dont ils ont été acteur (l'allemand), collaborateur (le français) ou victime (la russe). L'image est en noir et blanc, incroyablement travaillée, et le film reconstitue alternativement, les agissements des différents personnages, leurs justifications et leur cheminement dans cet univers du mal absolu. Plus glaçant qu'émotionnel, Paradis dégage une puissance incontestable, notamment dans ses scènes de camp de concentration. Mais on s'interroge sur la finalité du film : montrer que chacun a ses raisons, aussi contradictoires soient-elles ? Et que chacun porte en lui une personnalité complexe et ambigüe, dans des zones grises où l'on n'est jamais tout à fait un salaud intégral ? Le formalisme du long-métrage pose question tout autant que sa morale, si tant est qu'elle soit imposée. Il y a une bribe d'espoir dans les dernières images, oasis dans dans un film pessimiste sur l'âme humaine (l'enfer c'est nous autres), oeuvre d'un cinéaste octogénaire qui fait montre d'une vision personnelle, contestable et vouée à la controverse, mais impressionnante d'un point de vue purement artistique.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2017 ... et Cinéma russe (2010-2018)

Créée

le 19 nov. 2017

Critique lue 619 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 619 fois

4

D'autres avis sur Paradis

Paradis

Paradis

le 19 nov. 2017

L'enfer c'est nous autres

Dans Paradis d'Andreï Konchalovsky, c'est le dispositif qui s'impose, presque davantage que son sujet. Trois témoignages post-mortem, face caméra, en trois langues, de témoins du nazisme dont ils ont...

Paradis

Paradis

le 19 sept. 2020

Un paradis d'enfer

"Paradis" m'a mis mal à l'aise, je lui trouve bien des affinités avec "Huis-clos", la pièce de Jean-Paul Sartre. Je croyais assister à une expérience de laboratoire de l'Alchimiste Kontchalovski avec...

Paradis

Paradis

le 21 janv. 2018

Bonne surprise!

Au départ on est un peu surpris par ces moments où les protagonistes viennent témoigner. Puis on se laisse aller dans cette histoire à trois voix (française, allemande et russe) où alternent scènes...

Du même critique

Anatomie d'une chute

Anatomie d'une chute

le 28 mai 2023

Procès d'intentions

Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...

France

France

le 25 août 2021

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

The Power of the Dog

The Power of the Dog

le 25 sept. 2021

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...