“In that moment, I was transformed permanently. You did that.”
Alors que je me refais l’agréable trilogie Ocean, je reviens des limbes rédactrices sur le plus récent projet du prolifique Steven Soderbergh. En milieu d’année 2018 je me rappelle alors d’un projet annoncé un an avant la sortie de ce dernier : Unsane.
On rentre alors, dès le début, dans la tête d’un personnage. Lequel ? C’est ce que Soderbergh s’amusera à nous laisser deviner, à nous laisser contredire tout au long du film. D’un narrateur que je ne spoilerai pas, l’on nous laisse entrevoir une obsession, par un monologue à première vue attentionné puis un peu trop insistant, soutenu d’un traveling avant dans une forêt sur fond d’heure bleue. Mentionnant explicitement la couleur qui nous est montrée à l’écran et l’importance de celle-ci pour le narrateur. Générique sympathique, Soderbergh y place néanmoins des éléments nous rappelant les thèmes du film : l’obsession, l’oppression, la paranoïa, la peur…et le bleu !
L’oppression de Sawyer par les hommes, par les femmes, par son travail, par le monde qui l’entoure, au point de n’en plus savoir distinguer le vrai du faux.
Ça me rappelle d’ailleurs une phrase d’un comic de Brian Azarello (Joker HC), où le Sphinx demande au Joker “When the whole world is against you, were is the safest place to hide ?” La traduction la plus proche étant “Lorsque le monde entier est contre toi, quel est l’endroit le plus sûr où se cacher ?” Auquel le Clown Prince du Crime répondra «…it’s I-N-S-A-N-I-T-Y » (dans L-A-N-O-R-M-A-L-I-T-É) .
Unsane est un projet éclectique, à l’image de son réalisateur. En effet, celui-ci décide d’entièrement le tourner à l’Iphone. L’ingéniosité ne repose alors pas sur le fait de sauver des millions de dollars en production, mais bien dans l’utilisation du matériel.
On restera, Iphone oblige, sur des plans fixes et des lents travelings parfois trop timides. Les limites d’un téléphone servant de caméra seront cependant habilement utilisées pour servir le récit, l’aspect resserré et plat nous enfermant avec les protagonistes, soulignés par tous les rappels de bleu devenu alors angoissant.
Le film fera aura ainsi effet d’une version d’essaie à Perfect Blue, un peu comme un cinéma amateur dans les mains vétérantes d’un auteur. Loin d’être parfait ou même un tour de force, Unsane est ce projet sympathique d’un passionné qui tente de constamment se renouvelé dans son art. Pris individuellement Unsane se suffit pour satisfaire, et en tant que nouvel objet d’une telle filmographie, il innove assez pour en parler.