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Paris brûle-t-il ? s’impose sans détour comme un The Longest Day à l’européenne (tout en étant produit par la Paramount et en partie écrit par Coppola et Gore Vidal) : à la fois dans son casting improbable fait de toutes les stars de l’époque qui n’ont pas pu apparaître dans l’autre, par une nouvelle partition de Maurice Jarre qui s’amuse avec les hymnes nationaux français et américains, et dans sa construction en large tapisserie de trois heures qui nous mène sur tous les fronts de la libération de Paris.
La multiplicité des points de vue permet de ne pas passer sous silence certains aspects que le roman national souhaiterait occulter : la présence des collaborateurs, et la sauvegarde de la ville par un général allemand lucide quant à la débâcle allemande et faisant obstacle à la politique de terre brûlée. Sur ce dernier point, on sait désormais le récit factice, car démenti en 2019 par l’accès à de nouvelles archives démontrant que von Choltitz n’avait en réalité simplement pas les moyens d’obéir aux ordres d’Hitler.
Mais c’est avant tout une ôde à la Résistance. Car c’est la préparation du terrain pour les colonnes de blindés de Leclerc qui occupe la majeure partie du métrage, alors que les combattants occupés mettent le pied sur la gorge des nazis en fin de vie. Une Résistance diverse, dans ses origines (de gauche comme de droite, français et étrangers…), et au sein de laquelle règne la dissension sur les méthodes à employer et la finalité de la lutte : préserver des vies en différant les combats pour les uns, ne rien céder quitte à envoyer des gamins au trépas à la veille de la liberté.
Le dernier tiers voit la légèreté monter crescendo alors que Leclerc, Patton et Bradley avancent sur la capitale sous l’ordre des alliés. Et alors, après trois heure de film on peut enfin le dire, alors que la liesse n’a fait que monter dans le sillon de l’armée alliée (et malgré quelques dernières morts vaines, comme celle d’Anthony Perkins), que la cloche de Notre-Dame (qui elle n’a pas encore brûlé) s'élance doucement puis finit par tonitruer sur la ville lumière : Paris est une fête !
Une fête tout de même partiellement gâchée par l’absence d’une réelle VO qui permettrait à Pierre Vaneck de discuter avec Kirk Douglas sans que l’un des deux ne sonnent faux selon que l’on prenne la VF ou la VA. Etrange que personne n’ait été capable de monter ça pour les restaurations HD.