Si vous ne connaissez rien du film et que vous le regardez quand même deux choses vous frapperont après sa vision :

"Cette fille est vraiment la fille de Kinski ? Elle n'a pas hérité physiquement en tout cas"

"Oh putain mais quel beau film"

Ces deux réflexions passées, voyons voir ce qu'il y a sous ce Paris, Texas, titre alléchant qui pourrait nous faire penser, surtout si on sait à l'avance que c'est un road movie, à un voyage entre la France et les États-Unis...

Déjà il faut le dire, c'est important, le film est beau ! Que ce soit par sa mise en scène assez simple mais franchement efficace, ou surtout par ses choix de décors, de lumières, etc... C'est agréable pour nos yeux. Certains plans sont de toute beauté, tel le plan sous l'orage lorsqu'ils arrivent à l'hôtel et qu'ils sont encore dans la voiture, juste sublime, ou même les plans avec jeu de lumière et tout et tout lors de la fameuse scène finale... Enfin, la dernière grosse scène quoi.

Cette splendeur n'est pourtant qu'un contrepoids à la dureté du propos. En effet, "Paris, Texas" n'a rien d'un film très amusant. Au fur et à mesure que le récit se précise, nous sommes précipités dans un abysse de dureté (pas la dureté du genre sang et boyaux, la dureté émotionnelle de situations un peu plus proches de nous), un abysse qui néanmoins trouve ici et là, et de façon récurrente, les rayons de soleil dont il a besoin pour ne pas rentrer dans le pathétique... C'est à dire en tant que rayons de soleil : Le fils, les lieux magnifiques, et au final même une partie de la fin... Un des deux côtés du dénouement.

Non, "Paris, Texas" n'est pas un film déprimant. Il ne va pas non plus pour autant nous donner envie de sauter partout de joie de vie. C'est juste un film sincère, plutôt proche des réalités (tout est relatif, ça reste un film!), qui touche donc car il n'a pas besoin d'en faire des tonnes. Les personnages sont prenant, crédibles. Le frère disparu est parfait, Hunter Carson livre ici une très belle prestation. Les doutes de Harry Dean Stanton (dont le voir a été une galère pendant tout le film car je me souvenais plus du tout d'où je pouvais bien le connaître... Code Quantum pour les curieux) et d'Aurore Clément sont vraiment justes, le fils est parfait... Enfin bref, l'ensemble sonne vrai.

Beaucoup ont loués la qualité de la musique de "Paris, Texas", et sans la trouver mauvaise je lui préfère beaucoup d'autres... Elle est un peu répétitive et pas toujours si inspirée que ça. Mais elle a une ambiance très particulière qui colle parfaitement aux décors, aux environnements et aux situations du film...
Oublions donc la musique, et réfléchissons un peu sur ce que ce film apporte, parce qu'au final, pourquoi est-il si bon ?

Déjà je pense que si je l'ai autant aimé c'est bien parce qu'il est beau (dis 100 fois mais c'est tellement important)... Mais aussi parce qu'il traite d'une histoire d'amour difficile, d'un sujet assez grave finalement, de l'idée de famille recomposée, des doutes et des faiblesses des gens compte tenu de leurs sentiments, du passé si douloureux à effacer, de la crainte... Il évoque vraiment de nombreuses choses qui touchent, qui interpellent... Ok on s'est pas barré dans un désert pendant 4 ans sans donner de signe de vie mais on peut quand même comprendre les personnages non ?

Et puis franchement, la fin du film, tous ces instants entre Nastassja Kinski et Hunter Carson, c'est du domaine du chef d'œuvre. C'est passé à une vitesse pour moi... Alors que ça ne bouge pas, que c'est long... Et que même si j'ai aucun problème avec ça il peut m'arriver en plein milieu d'une longueur (même positive) de me dire "ah il reste encore ça de film... Ah c'est un peu long ça, etc..."
Non franchement, c'était génial.

Je ne regretterai jamais d'avoir vu ce film, bien au contraire, ce fut génial, beau (101 fois...), prenant et touchant, et puis j'ai vu Kinski fille, ce qui est autant étonnant qu'agréable à l'œil...
Eh oui, dans n'importe quel film un homme remarquera toujours ce genre de choses... C'est con.

Bref, pour ceux qu'ont pas tout lu et les autres, un chef d'œuvre, que vous aimerez si vous aimez les road movie qui s'intéressent pas mal à la beauté des lieux et paysages, ou les histoires dans lesquelles les sentiments complexes sont traités avec énormément de simplicité et de crédibilité...
Ripailloux
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le 31 janv. 2011

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