Pas de deux
7.8
Pas de deux

Court-métrage d'animation de Norman McLaren (1968)

1968:Du fusain prend vie 2020:Son avant/après me rappelle Tenet(& sa théorie de l'électron unique)

(Premières Impressions écrites en 2016, corrigées, surtout leurs fautes, en 2020 grâce au passage justement d'Electron à qui je suis si reconnaissant de m'avoir rappelé cet anxiolytique culturel si naturel de 13 courtes minutes accessibles gratuitement sans ordonnance).
Accessibles dans tous les sens du terme car il n'y a pas besoin d'une quelconque connaissance pour les apprécier. (Au contraire de Tenet où il semble bon de connaître la théorie de l'électron unique.)


Comme si des dessins au fusain prenaient vie.
En général, les dessins animés (mes Pixar et autres) tentent de ressembler à des films, à la réalité, ici, on a une impression de réalité devenant dessin ou de dessins prenant vie.


Surtout si on se focalise sur les contours des danseurs. Je viens de le revoir (en 2016 puis en 2020) et j'ai regardé les belles mains de la danseuse qui s'évaporent ...vous savez , comme quand vous mettez le chauffage dans la voiture et la buée disparait des vitres tout en dessinant des formes.


Ce court n'a pourtant aucun dessin: que des effets de lumière et effets spéciaux et surtout sonores qui me dépassent. (D'ailleurs, en dehors du passionné réalisateur expérimentateur, Norman McLaren, le seul autre du générique qui a de longues pages sur imdb est le mixeur sons: un Ron Alexander.


Ce court est une petite merveille très reposante et envoutante sur fond de Flûte de Pan à la Ennio Morricone.
(mon cerveau n'est pas très original et cultivé car désormais ces flutes me rappellent quasi à chaque fois Il était une fois en Amérique, le thème de Cockey?)


Court encore meilleur au delà de la 6ème minute, donc restez!


Découvert en 2016 grâce à SC et Barmad, merci.
Puis revu en 2020 grâce à Electron, merci.


Je suis surpris qu'à l'époque, ça ne m'a pas plus surpris que cela que ce soit produit par L'office National du Film du Canada ("Devenez membre, c'est gratuit!" me dit leur site).
Même si ce n'est pas ce qui me plait le plus dans ce court, je cherche et découvre que la chorégraphie est d'une "Ludmilla (Otzoup-Gorny) Chiriaeff", enfant rescapée de "la révolution russe" puis adulte rescapé d'un "camp de concentration" du national-socialisme, réfugié au Canada où elle créera "plus de 300 ballets autant pour des émissions de télévision que pour des spectacles sur scène" (selon wiki.)
Enfant, elle avait appris auprès d'un Michel Fokine qui selon Le Figaro est:



le "Premier chorégraphe des Ballets russes, (...) libéra la danse du carcan des conventions et en fit un art à part entière (...)" (Universalis ajoute que sa rencontre avec Isadora Duncan stimule son rôle de réformateur; il est "un pédagogue original et exceptionnel, esquissant déjà dans ses méthodes de travail les réformes qu'il fera triompher plus tard..."
(...c'est peut-être pour cela qu'au Canada, Ludmilla, elle ) deviendra "l’instigatrice du premier programme pédagogue de danse dispensé dans les écoles québécoises".
Je découvre une citation de son mentor, ce Michel Fokine, qui lui valu des ennuis, des resistances et refus, mais qui aujourd'hui nous plait et fait écho avec ce court-métrage:
« La danse doit être expressive, elle ne doit jamais dégénérer en exercices de gymnastique. Elle doit traduire l'état d'âme et les sentiments des acteurs. Elle doit surtout être l'expression de l'époque et du pays évoqués par l'argument. Le ballet ne doit pas consister en numéros, entrées et sorties. Il doit témoigner d'une unité de conception.
Au dualisme traditionnel musique-danse doit être substituée l'unité absolue et harmonieuse des trois éléments : musique, peinture et art plastique »



J'avoue que ce n'est pas la chorégraphie qui me marqua le plus ma première fois avec ce court.
Mais bien dans un premier temps les formes et gestes et effets spéciaux autour de la danseuse, Margaret Mercier (84 ans en 2020).
Elle vivrait en Suède si vous vous voulez la rencontrer...


Son danseur, Vincent Warren n'est mort qu'en 2017.
Le cinéma aurait fait naitre sa passion, et la distribution de journaux, payé sa première formation.
Il a été l'objet d'un documentaire, "Un homme de danse" réalisé par une Marie Brodeur.
Surement un personnage chaleureux car il vous accueillait avec des chocolats (selon Marie Brodeur dans journalmetro.com.)
Il a vécu avec le "poète Frank O’Hara".
Et a "partagé la scène, notamment, avec Igor Stravinsky" (selon La presse.ca.)
Enfant, il était passionné du film 'Les Chaussons rouges/The Red Shoes' de Michael Powell et Emeric Pressburger:



"Au point où, avec l’argent gagné en tant que camelot, il s’est payé ses premiers cours de ballet." (Camelot= Marchand qui vend dans la rue des objets de pacotille. Au Québec, personne qui distribue les journaux à domicile).



Une de ses citations recueillie par cette Marie Brodeur fait aussi très très très écho avec notre court métrage 'Pas de deux':



«Je me sentais un peu oublié dans les dernières années, avoue l’artiste d’un ton triste.
Parce que la carrière d’un danseur, c’est: tu es là… et tout d’un coup tu n’es plus là.
Je cite souvent Agnes de Mille, la chorégraphe, qui dit que la danse est écrite sur l’air . C’est dans la mémoire que la danse vit.»



..."écrite sur l'air"? Exactement ce que les mouvements de nos danseurs me faisaient penser et voir en 2016. Je me focalisais parfois sur leurs bras et mains, et je les voyais s'évanouir comme des Volutes partant en fumée. Où comme sur la photo de famille de Marty Mc Fly dans Retour vers le futur...


(ps: je ne trouve pour l'instant rien sur ce "Dobre Constantin" qui joue cette belle flute de pan apaisante avec ce "United Folk Orchestra of Romania"?)

Créée

le 2 févr. 2016

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PierreAmo

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