77 pages et pas une de plus. Passion simple, le livre de Annie Ernaux, était réputé inadaptable pour le cinéma, ne délivrant pas un récit à proprement parler mais l'analyse d'une addiction amoureuse et douloureuse (et cependant émancipatrice). Danielle Arbid, qui a prouvé par le passé sa capacité à ne pas redouter les ambiances charnelles (Un homme perdu), semblait cependant un bon choix de réalisatrice pour dépeindre la fièvre et la soumission à un amour clandestin et brûlant. Mais force est de constater que les scènes sensuelles, répétitives avec ses gros plans du visage de son héroïne, ne parviennent guère à fasciner. L'amour à la cosaque, cela va bien 5 minutes, mais bon. Danielle Arbid, qui a ajouté plusieurs éléments de modernité et d'ancrage social qui n'existaient pas dans le roman, est plus heureuse dans la description clinique de cette dépendance sentimentale et sexuelle et réussit quelques scènes comme celle du voyage à Moscou. En revanche, la faiblesse des dialogues et surtout le côté fantasmé de l'amant en "statue du commandeur" climatisent les quelques espérances placées dans cette histoire que d'aucuns ont qualifié de torride (hum). Laetitia Dosch est exceptionnelle, ce qui n'est pas une surprise pour qui suit cette actrice depuis ses débuts, et l'on sent parfaitement qu'elle s'est jetée corps et âme dans cette entreprise. Cela demeurera un rôle marquant dans sa carrière mais le film, lui, peinera à rester dans les mémoires. Qu'il donne envie de (re)lire Ernaux est certainement le plus grand de ses mérites.

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le 15 août 2021

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