La rage du cinéma.

Pasteur est le premier film réalisé par Sacha Guitry, mais il ne faut pas oublier qu'il a commencé ce nouveau métier à l'âge de 50 ans. Avant cela, et même pendant ses réalisations, il a eu une immense carrière théâtrale, dont Pasteur, qu'il avait écrit en 1919, et dont c'était son père qui jouait le rôle-titre.
Seize ans plus tard, c'est Sacha Guitry lui-même qui reprend le rôle du médecin, mais ça n'est pas un biopic à proprement parler. Il s'agit d'un épisode, le plus fameux de sa carrière, où Pasteur défend becs et ongles son vaccin contre la rage.

Dès l'introduction du film, qui montre Sacha Guitry parler avec admiration de Pasteur, la mise en scène ne cache pas qu'on est plus proche du théatre, avec ces gros plans incessants sur les visages, et même la seule scène un tant soit peu remuante, le petit garçon qui se fait mordre par le chien et inoculer la rage, est ratée. Mais on regarde avant tout un film de Guitry pour ses bons mots, qui sont curieusement absents. Il est présent à l'écran la grande majorité du temps, et parle sur une estrade avec de grand et longs monologues sur sa défense et illustration de son vaccin contre des confrères sceptiques. Jusqu'à ce qu'il sauve le petit garçon et soit en quelque sorte sur le Panthéon au soir de sa vie, alors qu'on lui a limite craché dessus sur son travail.
D'ailleurs, on ne croise aucune femme dans le film, mais ça, c'est clairement représentatif de l'ordre des médecins au XIXe siècle, où dans le domaine de la santé, la gent féminine n'avait guère droit de cité.

Il est toujours intéressant de découvrir le premier film, qui devrait être une fondation de l’œuvre de Guitry. Tournage rapide, essentiellement en studio, le réalisateur qui joue lui-même le rôle principal, qui tire son inspiration de sa propre œuvre théâtrale... En somme, quasiment tout est déjà là, de manière imparfaite, mais cela pose les bases.