Ambiance slacker, punk mollasson, désordre insouciant et esprit « Do It Yourself » : Pavement, c’est le groupe culte de ton groupe culte. Pavements, le film, c’est la plongée dans l’underground des 90’s avec Alex Ross Perry qui revient sur la scène rock.
Réaliser un film sur un groupe aussi talentueusement bancale que Pavement tient du miracle. C’est sans doute pour cette raison que Alex Ross Perry a opté pour la forme du mockumentary. Entre fausse comédie musicale, making-of d’un biopic imaginaire et musée à leur gloire tout aussi fictif, Pavements semblait réunir tous les ingrédients pour rendre hommage au caractère si inclassable du groupe. Sauf que voilà, à force de vouloir tout explorer, le film ne fait qu’effleurer son sujet – et finit par manquer l’essentiel. Ce qui compte, dans le rock, c’est l’attitude, la musique.
Le groupe le plus important du monde
Fin des années 80. Nirvana sort About a Girl et Sonic Youth cartonne avec Daydream Nation, qui vient dépoussiérer les étagères de ton père. Les guitares sont nasillardes, bricolées, avec le charisme d’un ado boutonneux, mais une énergie brute qui électrise. C’est dans cette ambiance grunge, nourrie de punk et du DIY, que Pavement creuse son sillon. Leur effervescence séduit immédiatement. Il y a chez eux un truc neuf, d’irrésistiblement cool. Un art de la glandouille poussé au rang de légende.
« On n’essaie ni de rester underground ni de devenir des stars. On ne fait juste qu’exister. » C’est ce que lance Stephen Malkmus, le leader du groupe, lors d’une interview. Tout est là. Leur force, c’est la simplicité. Ecrire des morceaux bizarres et banals comme on gribouille sur un coin de cahier lors d’un cours de math. Passer l’après-midi à gratter des accords avachis sur le canapé du pote. Des salles gosses qui n’ont pas besoin de savoir jouer pour faire de la bonne musique. Un petit miracle d’authenticité à qui chacun peut s’identifier. Et c’est justement cette authenticité qu’on peine à retrouver dans Pavements. Alex Ross Perry troque l’esprit volatile et nonchalant du groupe à la pose.
Après tout, vouloir se moquer des clichés des biopic musicaux, c’est bien – encore faut-il avoir l’énergie de mener à bien cette rébellion. Sans ça, on tombe vite dans le clinquant un peu creux, le sarcasme stérile, ou encore pire : l’indifférence. Et c’est dommage, car il y avait de belles intuitions. Superposer des images d’archives à leur dernier concert de 2022, jouer du contraste entre le grain de la pellicule et la netteté du numérique – tout ça pouvait fonctionner. Mais à trop vouloir rendre une chose cool, on finit par la plomber.
Critique de Sévan à lire sur https://cineverse.fr/pavements-de-alex-ross-perry-film-avis-critique/