Almodovar et moi, disons que c'est professionnel. Je l'ai découvert au sommet de son art, au moment de Talon aiguilles et de La fleur de mon secret, et j'ai assisté consternée à sa lente dégringolade (Les étreintes brisées et les Amants passagers). Mais il faut lui reconnaître un rôle majeur dans la thérapie de choc que l'Espagne s'est auto-administrée après les 36 ans de ténèbres de la dictature. Punk, scato, gore parfois, toujours sur le fil, souvent carrément au-delà de la bienséance, le trublion joufflu a enchainé les succès et a secoué le cocotier franquiste avec une belle énergie. Ce documentaire fait studieusement l'inventaire de ses égéries et nous livre son secret le plus intime : la star de la Movida a toujours rêvé d'être une grande actrice, à la Ava Gardner, son idole. Pour le reste, le catalogue de gros plans sur les femmes qui ont incarné ses héroïnes vaut surtout par les interviews de ces actrices qui ont accompagné ses différentes mues : Carmen Maura, Victoria Abril et surtout, Penélope Cruz, même si leurs témoignages n'apporte rien de vraiment nouveau. Sans oublier sa pétulante vieille maman, qui vaut son pesant de chorizo. A voir par conscience professionnelle, donc...