Perfect Days
7.4
Perfect Days

Film de Wim Wenders (2023)

Deux films très moyens en à peine deux mois pour Wim Wenders. En réalité c'est relativement agréable à suivre, il arrive à rendre très cinématographique l'entretien de toilettes publiques, et c'est presque le problème. Comment croire en un film qui veut vanter la beauté intrinsèque d'être en vie, quand la vie paraît toujours assez plaisante, que nettoyer des toilettes n'est pas forcément moins plaisant que s'occuper de ses plantes, photographier un arbre, écouter une cassette. Le film pourrait être bête en disant qu'après tout il faut voir le verre à moitié plein, une banalité de ce genre, mais il est bête en simplifiant encore la chose, avec un "Tout est bien".

La seule vraie qualité est l'absence de mélo donc, l'absence de conflit rend le film vraiment doux ; idéologiquement ce n'est même pas repoussant - et je l'ai presque souhaité pendant la première demi-heure, histoire d'avoir du grain à moudre -, le message est celui du patron au gant de velours, dominant mais pas cruel, ce qui se traduit par un certain respect accordé à la servitude volontaire, l'esclave souriant - le personnage principal - bien plus vertueux que celui qui ne se démène pas pour effectuer son labeur, avide d'argent, de filles, qui est sur son téléphone pendant qu'il bosse, et qui finira par quitter son travail. Presque un fantasme, l'employé filmé comme un animal - muet avec ça - qui se contente de peu, et je ne suis pas loin d'y voir un relent de racisme. Je ne voulais pas le mettre au discrédit du film car je ne le savais pas avant de voir le film, mais c'est plus ou moins une pub pour ces toilettes publiques, incroyables par ailleurs, qui deviennent opaques quand verrouillées. C'est problématique en principe, mais il ne les traite pas différemment des autres environnements où il travaille, vu que tout est propre, alors que Dieu sait que les toilettes publiques d'une si grande métropole doit sans doute avoir son lot de visions cauchemardesques, mais le réalisateur se simplifie la tâche en faisant d'un travail pénible, peu valorisé socialement et foncièrement crade, un travail qui ouf, c'est épuisant tout de même et des fois les gens ils sont pas agréables, et quand y'a personne pour faire le second service là c'est vraiment très dur ça fait qu'on finit tard et on est tellement fatigué qu'on a pas la force de lire son livre. Oui, c'est le sujet. Mais bon il y a du soleil au réveil.

RamiValak-II
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le 2 déc. 2023

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