J'ai commencé la série "Stranger things" et je dois dire que les deux premiers épisodes vus ne m'ont pas vraiment passionné. Je me suis demandé si j'étais de mauvaise humeur pour si peu apprécier ce vibrant hommage au cinéma des années 70-80 que j'affectionne. Et puis j'ai lancé ce film. Dieu, que c'est bon de découvrir une belle écriture. En 15 minutes de film, il se passe plus de choses intéressantes (pourtant c'est très contemplatif, le héros zonant désespérément) qu'en deux épisodes accumulant les personnages et les sous-intrigues d'une série sans doute trop dépendante de ses influences. Mais cessons la comparaison, après tout je n'ai vu que deux épisodes et mon avis pourrait évoluer.


"Cinderella Liberty" est une comédie dramatique touchante ; le personnage principal est simplement caractérisé : un type droit, timide, rêveur. L'exploitation de cette caractérisation est bien pensée au travers de diverses situations et surtout au travers des relations avec les autres personnages qui eux aussi se voient bien caractérisés. La première moitié du film est magique, le héros passant son temps de perm' non désiré à aider une bonne femme et son gosse. C'est fort parce qu'on sent que le mec s'attache mais continue d'espérer reprendre la mer, comme s'il ne se rendait pas compte de la laisse qu'on est en train de lui filer autour du coup. La deuxième moitié est toujours intéressant,e mais un peu moins, l'impatience du personnage étant mise de côté presqu'entièrement, il ne reste alors plus qu'à s'occuper de cette femme. On frôle malheureusement le misérabilisme par moment, le drame prend inutilement le dessus, d'ailleurs le festival de blues ouvrant le film cède de plus en plus sa place aux mélodies mélancoliques. C'est toujours intéressant parce que les personnages sont toujours aussi bien écrits et aussi parce qu'on est entré dans l'histoire et qu'on veut connaître le fin mot de tout ça, mais ça manque un peu de tension, de conflits. La fin est un peu déroutante. Parce que l'auteur ose amener un truc un peu jusqu'au-boutiste mais en même temps parce que ça ne l'est pas encore assez. J'expliquerai ça en fin de texte, dans un paragraphe révélant donc des éléments de l'intrigue. Prière, donc de ne pas lire au-delà de la conclusion.


La mise en scène est très plaisante. Dès les 10 premières minutes, le réalisateur montre qu'avec de petits mouvements de caméra et un bon angle de vue, on peut déjà faire pas mal. C'est pertinent, c'est même parfois ludique la manière dont on passe de l'avant plan à l'arrière plan, mais c'est surtout plaisant de découvrir quelque chose d'aussi simple d'apparence et agréable à l’œil. Après, le réalisateur se montre plus discret, il sait qu'il a conquis nos cœurs, pas besoin d'en faire des caisses. Il reste quelques plans super bien trouvés, mais c'est plus calme, plus au service de l'histoire. Les acteurs sont formidables, tous jouent avec sincérité, même le gosse évite d'en faire trop. Ce qui est merveilleux, c'est de voir l'alchimie entre tout ce petit monde et puis surtout James Caan, naturel, spontané, impeccable : quel dommage que ce type n'ait pas eu une meilleure carrière, surtout durant ces dernières années. La musique est franchement bonne, inattendue je dirais pour ce genre de film, et cela aide à créer une bonne ambiance, surtout au début, quand le héros flâne.


Au fond, le film ne fait jamais que parler de la société. Le sujet en soi n'est pas neuf, surtout à cette époque, mais l'angle d'attaque est par contre assez original : le petit marin qui découvre la misère sur la terre ferme mais qui doit aussi subir les injustices administratives de sa propre société de matelots. Mais ça n'est pas le cheval de bataille principal du film, et c'est là que c'est fort. Le contexte permet avant tout de parler de cette histoire, je ne sais pas si on peut parler d'une histoire d'amour, ou en tous cas pas dans le sens habituel, car de l'amour il est bien question mais pas forcément l'Amour.


Bref, ce petit film est très agréable à regarder, l'histoire est simple, les situations et personnages bien trouvés et la mise en scène sobre et maîtrisée.


J'en reviens donc ici à la fin du film. Je vais me permette de révéler des éléments importants de l'intrigue. À mon avis, ce n'est pas grave de les lire avant d'avoir vu le film : en effet, je pense que quand un film est bon, ce ne sont pas tellement les idées qui importent mais plutôt la manière de les utiliser. Ainsi donc, dans ce film, on termine sur notre héros qui doit s'occuper seul du gamin. Que la femme soit partie comme ça, c'est une grosse surprise, je m'attendais à une réconciliations un peu faciles de dernière minute. Mais du coup, à cause de ce choix narratif, et parce que la réaction du héros dans un premier temps est assez confuse, je m'attendais à ce que l'auteur aille encore plus loin dans son idée et que le héros abandonne le gamin lui aussi. Pourquoi pas ? Après tout, il doit choisir entre ce gosse qu'il ne connaît que depuis quelques mois et son rêve de puis toujours, prendre la mer. Choix difficile à faire. Le fait qu'il reste n'est pas incohérente, l'auteur insiste d'ailleurs plus sur les liens qui se forment entre lui et le gosse plutôt qu'entre lui et la mère. C'est juste que c'est un peu trop mignon à mon goût. Mais bon, ce n'est pas pour ça que j'ai trouvé la deuxième moitié moins bonne. Comme expliqué plus haut, c'est juste qu'il y a moins de tension, que c'est plus passif. Soit.

Fatpooper
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le 24 juil. 2016

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