« En France, je suis un metteur en scène, en Grande Bretagne, je suis un réalisateur, aux États-Unis, je suis un yes man, à la maison, je suis un sale con ! » C’est souvent par cette phrase explosive que Gregory Hoblit se présente lors des interviews, s’amusant ainsi de la relation tendue qu’il semble entretenir avec sa femme. Cette citation, pleine d’humour et d’aigreur, résume fidèlement l’individu qu’est Gregory Hoblit. Car Hoblit n’est pas ce genre de businessman que vous verrez bientôt monter les marches au Festival de Cannes. Vous ne le trouverez jamais sur un tapis rouge habillé en costard et portant des ray ban, en train de frimer devant une meute de photographes excités. Hoblit ne fait pas partie de ceux-là. Gregory Hoblit se décrit lui-même comme un épicurien et un simple artisan. Pour lui, une journée de travail commence à 8 heures du matin et finit à 8 heures du soir, et si tout a déjà été tourné avant le temps imparti, Hoblit en profitera pour avancer dans son prochain projet. C’est grâce à cette méthode qu’Hoblit parvient à mettre en boîte souvent plus de trois films par an.
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Peur Primale est un thriller où Richard Gere campe le rôle d’un avocat têtu chargé de défendre un retard, un déficient intellectuel, joué par Edward Norton, accusé d’un crime affreux. Lors de la première scène du film, on assiste à l’arrestation virile d’Edward Norton, encore présent sur les lieux du drame, les mains toutes ensanglantées. Les analyses médicales ne font aucun doute : le sang qu’il a sur les mains est bel et bien celui du pasteur dont on a retrouvé la tête au bout d’une pique et le reste du corps trempant dans l’eau bénite de l’église. Alors qu’on prépare déjà la chaise électrique pour un détenu qui ne comprendra de toute façon pas ce qui lui arrive, un avocat décide de prendre l’affaire en main et de défendre l’indéfendable. Cet avocat a les cheveux blancs, le regard rieur, la démarche chaloupée et appelle au boycott des Jeux Olympiques de Pékin : il s’agit bien évidemment de Richard Gere, le "Silver Fox", on l’aura reconnu au premier coup d’oeil. Le reste du film s’apparente à un documentaire sur le système juridique américain, dont Hoblit pointe du doigt les nombreuses failles. Ces mêmes failles qui permettront à Edward Norton d’éviter l’incarcération à perpétuité et qu’Hoblit explorera à nouveau avec le film Fracture (intelligemment nommé La Faille en VF), où Anthony Hopkins s’en tire avec un casier judiciaire vierge après avoir pourtant donné la mort à 12 innocents. Mais même si cette critique au vitriol est brillamment menée par Hoblit, qui dans le civil est un père meurtri par la disparition de sa fille dont l’assassin court toujours, et quand bien même cette critique tombe à point nommé, là n’est pas l’intérêt de Peur Primale et là n’est pas la raison de son succès retentissant en vidéo-club. Pour comprendre pourquoi Peur Primale est devenu un classique du petit écran, régulièrement diffusé par TF1 les dimanches en première puis en deuxième partie de soirée, il faut voir vu la toute dernière scène du film, celle où on assiste tétanisé au terrible retournement de situation final...lire la critique intégrale ici.