SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Déjà quand je regarde l'affiche, je ne comprends pas.


Je ne comprends pas où je vais ni où Dario Argento souhaite m'emmener. Je suis censée voir un giallo, mais l'affiche me fait davantage penser à Legend de Ridley Scott ou autre chose du même type.

Me voilà donc partie sur les traces d'un tueur en série, massacrant des jeunes filles.

J'ai un peu peur. La scène d'intro me pose problème. Une jeune fille de moins de 15 ans, seule, qui entre dans une maison inconnue, après avoir sonné et frappé à la porte plusieurs fois, sans obtenir de réponse.

Sérieusement, qui fait ça ? Je ne dis pas que tout doit être parfaitement réaliste au cinéma, mais là, ça me paraît un peu gros et même un tantinet facile. Je suis perplexe. Mais je continue mon aventure.

C'est très décousu. A l'image de la BO, ça part un peu dans tous les sens.


Mais cette étrange poésie à la Lewis Caroll commence à vraiment me toucher. C'est une fable macabre rappelant Alice au pays des Merveilles. Une jeune fille loin de chez elle, égarée dans un monde étrange y rencontre le personnage de Donald Pleasance, sorte de Chapelier Fou, accompagné d'un chimpanzé.


J'y retrouve des éléments caractéristiques du cinéma d'Argento. A commencer par la figure de la frêle et pure jeune fille triomphant du mal. Une version plus féministe de David et Goliath. Le personnage de Jennifer rappelle étrangement celui de Suzy dans Suspiria, figure de l'innocence, le plus souvent vêtue de blanc ou de couleurs claires. J'y retrouve également ce cinéma sensoriel. Ca grouille (avec ma phobie des insectes, je ne pouvais pas rêver mieux), les sons sont stridents, intenses. Et puis tous ces effets pratiques, que beaucoup considèrent comme ratés me mettent mal, j'ai sincèrement une boule au ventre. Je l'avoue, je suis terrifiée. Mon allergie au CGI se faisant de plus en plus persistante, je me rends compte qu'Argento est un grand maître, et que rares sont ceux qui peuvent lui tenir le menton. Il a compris une chose essentielle. La peur ce n'est pas l'effet de surprise provoqué par un jumpscare que l'on aura oublié dans 10min. La peur se créee, elle se fabrique avec les mains. Il faut être un artisan pour créer la peur, cette boule au ventre et cette paranoïa qui vous maintiendra éveillé sous votre couette.


De nombreux éléments esthétiques ainsi que certains personnages du film ont d'ailleurs été pompés par un jeu vidéo, dont le nom m'échappe.


Alors oui, Phenomena n'égale pas un Suspiria ou un Profondo rosso, dans l'exécution technique ni dans la cohérence du scénario, mais il a le mérite d'être à ce jour, le seul film d'horreur qui m'a vraiment fait peur et qui m'a fait comprendre ce qu'était réellement la peur.

J'ai sincèrement envie de revoir Phenomena, je sais qu'un jour j'y arriverai.


Pour cela je dois passer au delà de ma peur, et affronter la peur d'avoir peur.

Winslow-Leach
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films les plus traumatisants et Les meilleurs films de Dario Argento

Créée

le 5 mai 2025

Critique lue 19 fois

Winslow-Leach

Écrit par

Critique lue 19 fois

3
3

D'autres avis sur Phenomena

Phenomena

Phenomena

le 13 juil. 2018

La Beauté du Diable.

Il est des films qui, pour des raisons souvent inexplicables, vous attrape pour ne plus jamais vous relâcher, en bien comme en mal. Des films vous forçant à l’introspection tant ils touchent à votre...

Phenomena

Phenomena

le 18 janv. 2011

Phénomènale ?

En général, les fans de Dario Argento voient dans Phenomena le film de la rupture. Celui avec lequel le cinéaste entame l'exploration de nouveaux thèmes... tout en conservant encore quelques...

Phenomena

Phenomena

le 6 sept. 2012

La petite nymphe et le Grand Sarcophage

Donald Pleasance qui tient le rôle d'un entomologiste spécialisé dans les insectes nécrophages, dans un film de Dario Argento. Rien que ça, ça justifie de voir le film de toute urgence, non...

Du même critique

Phenomena

Phenomena

le 5 mai 2025

Phénoménalement bordélique

Déjà quand je regarde l'affiche, je ne comprends pas. Je ne comprends pas où je vais ni où Dario Argento souhaite m'emmener. Je suis censée voir un giallo, mais l'affiche me fait davantage penser à...

Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1

Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1

le 27 oct. 2025

Family business

Fan de Kaamelott depuis la première heure, je suis gênée de devoir descendre le film.Mais les défauts sont trop nombreux pour ne pas les relever.Il y a BEAUCOUP trop de personnages. Je suis...

Le Lac des morts vivants

Le Lac des morts vivants

le 2 sept. 2025

On a retrouvé la 7ème compagnie

Par où commencer...Le film ayant une certaine notoriété dans le genre nanardesque, il était évident que je finirai par me lancer.Et bon sang, quelle expérience.Mais pourquoi Jean Rollin a-t-il pris...