La vie est peut-être triste, mais elle est toujours belle

J'ai toujours une petite appréhension lorsque je découvre un film de Godard, et surtout quand sa renommée est aussi forte que Pierrot le fou.

Anna Karina et Jean-Paul Belmondo forment un couple qui marche extrêmement bien à l'écran, et ce qui va être fascinant avec ce film, finalement, c'est surtout la façon dont Godard va s'amuser avec le langage cinématographique.

De ce côté-là, dès le générique de début et ces lettres qui apparaissent dans l'ordre alphabétique, c'est bourré d'idées. La musique qui s'arrête soudainement puis reprend, des phrases qui se répètent, l'usage de la voix-off, les flashbacks au milieu d'une scène, certaines répliques qui font mouche et sont de pures fulgurances... Mais aussi le jeu des acteurs. Ils semblent parfois, même souvent, déconnectés de la réalité, et ça a étrangement un charme fou alors que ça pourrait être agaçant.

Et ces couleurs bon sang ! Les plans en bagnole avec les lumières de toutes les couleurs qui tournent sur le pare-brise, la soirée où la lumière de la scène est tantôt rouge, bleue, verte ou jaune, le feu d'artifice filmé... Ça fait beaucoup de bien de voir un film aussi coloré, même quand on voit du sang c'est du rouge pétant !

Godard prouve avec ce film qu'il sait parfaitement manipuler la grammaire cinématographique pour en faire autre chose et ouvre le champ des possibles à énormément de réalisateurs avec cette œuvre.