Les films qui se passent dans les boucheries c'est super. On est tout de suite mal à l'aise et quand c'est bien fait, on a qu'une envie, c'est se mettre pour de bon au tofu et aux carottes cuites à l'eau. Franchement, à part l'abattoir (à la faim! mais on y viandra), y'a pas mieux pour nous rappeler que nous ne sommes que de la bidoche. Des plans sur des carcasses pendues dans une chambre froide enchainés avec une scène de repas de gens en surpoids en train de suer devant des saucisses cuites au beurre, tout le monde pige, ça fait le job comme dirait Macron.


Dès l'intro et les plans très serrés sur Sara l'héroïne, on est dans l'ambiance deux cotelettes achetées, une offerte. Pour un premier film, les personnages sont bien écrits comme si les frères Coen avaient enfin utilisé les points de leur compte CPF pour apprendre l'Epagnol.

On pense que tout est basique, que chaque personnage est calibré pour jouer un archétype : le beau gosse en moto, la méchante daronne et le super vilain pas beau mais y'a toujours cette petite réaction en nuance. Un moment de flottement. Le beau gosse au scooter est plutôt coolos avec Sara en fait et il paye même sa weed de rebelle, la méchante daronne va quand même défendre sa fille plutôt violemment contre l'autre grognasse blonde, et le super vilain fait office de vengeur masqué, on est carrément avec lui et on pousse même jusqu'à qu'il devienne objet de fantasme (alors ça c'est vraiment bien vu, jusqu'à la fin on sait pas en fait ce que Sara va faire). L'héroïne n'est jamais tranquille. Même sous son casque, Même sous la douche, sa mère vient la perturber. Même sous sa couette, on ne sait pas si elle est tranquille. ça avance vite trop vite pour elle et pour nous du coup elle ne sait pas quoi faire et nous non plus on ne saurait pas quoi faire à sa place.

Et puis la fin est assez cool, A l'abattoir, elle assume enfin ce surnom de "piggy" plus encore que son corps, elle devient Piggy, pour le meilleur cette fois ci. Elle se faufile dans le couloir à cochon et tue le méchant chelou à coup de dents. Et elle y a droit, à sa chevauchée, pour la première fois du film appaisée, sur la moto du beau gosse.


Bref, la dénonciation de la grosso phobie marche vraiment bien. On s'identifie vraiment au personnage et on est outré par ce qui lui arrive. Ah ça, ça vous coupe de suite l'envie d'aller insulter un petit gros à la sortie de l'école. Si c'est pour se faire enlever, couper la main, trucider dans un utilitaire tout pas propre et enterrer par un barjo ultra massif sponsorisé par les abdos kro, c'est non hein.



PS: Bon la réf à Carrie est tellement évidente et assumée (quand elle a ses règles ou le plan de l'affiche où elle est pleine de sang) que ça sert à rien de l'évoquer




Stephen-Kink
8
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le 24 avr. 2024

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