Pinocchio, le second long-métrage de Disney, est sans conteste un jalon historique de l'animation. Il mérite d'être vu et étudié, mais le placer sur un piédestal d'excellence purement cinématographique est ignorer ses défautsstructurels. C'est un film qui excelle dans l'art technique, mais qui s'égare dans sa propre quête narrative.
Les points forts
- Prouesse Technique Époustouflante : Techniquement, le film frôle la perfection pour 1940. La fluidité des mouvements, la richesse des décors (notamment l'atelier de Geppetto) et la maîtrise des effets spéciaux (l'eau, la fumée) sont inégalées à l'époque. C'est visuellement magnifique, une véritable leçon de dessin animé classique.
- Atmosphère et Noirceur : Le film ose une ambiance sombre et moralisatrice, loin de la mièvrerie souvent associée à Disney. Les scènes sur l'Île enchantée, la transformationterrifiante en âne et l'apparition de Monstro confèrent au récit une tension psychologique rare.
- Musique Iconique : La bande originale est exceptionnelle."When You Wish Upon a Star" est une réussite intemporelle, et l'usage de la musique pour souligner l'émotion et l'aventure est magistral.
- Jiminy Cricket : Le personnage de Jiminy Cricket est une brillante invention. Il sert de conscience, de narrateur et de guide, et apporte une dose d'humour et de charme essentielle pour équilibrer la noirceur du conte.
Les points faibles
- Structure Narration Fragmentée : Le plus grand défaut de Pinocchio est son récit épisodique. Le film est une succession d'aventures déconnectées : Pinocchio rencontre un méchant, se fait avoir, apprend (ou non) sa leçon, puis passe à l'épisode suivant. L'histoire donne l'impression de redémarrer à plusieurs reprises, manquant d'une progression dramatique fluide.
- Le Protagoniste Passif : Pinocchio lui-même est un personnage souvent passif. Il est constamment mené par le bout du nez (littéralement !) par les méchants et sauvé par la Fée Bleue et Jiminy. Il passe la majeure partie du film à subir des erreurs plutôt qu'à prendre des décisions actives pour changer son destin, rendant l'attachement au personnage parfois difficile.
- Rythme Inégal : Le film souffre de baisses de rythme. Si la séquence de Monstro est intense, le temps passé dans l'atelier et la phase d'introduction sont longs. De plus, la résolution arrive après que Pinocchio ait fait une seule action véritablement héroïque, donnant une impression de fin précipitée par la magie.
Conclusion
Pinocchio est un film visuellement stupéfiant qui a laissé une empreinte indélébile sur l'animation. Il mérite un "6/10" car, malgré ses qualités techniques immenses et ses moments de génie (Jiminy, Monstro), il est entravé par une structure narrative décousue et un protagoniste moins engageant que dans d'autres chefs-d'œuvre. C'est un classique plus admirable que parfaitement divertissant.