Pirates des Caraïbes - La vengeance de Salazar par 0eil

Mais la Fontaine de Jouvence, c'était pas déjà un peu mollasson ? Genre, le moment-clé du film était quand même cet instant fatidique où un personnage a décidé d'appeler la sirène Siréna. Après plus d'une heure passée dans un silence religieux, la salle de ciné où j'étais s'était enfin un peu déridée. Puis était retombé dans le silence solennel qui accompagne la mise en terre d'un proche. Tombé au champs d'honneur (bon, presque), la saga Pirates de Caraïbes livrait ses dernières paroles, sur son lit de mort. Seulement voilà, là où on ne voyait qu'un cadavre, Hollywood voyait l'opportunité de relancer l'engouement envers les pirates. Alors, déjà, non. Ensuite, clairement, c'était pas comme ça qu'il fallait s'y prendre.


Ce nouveau Pirate des Caraïbes s'en va donc suivre Henry Turner, fils de Will, bien décidé à lever la malédiction dont son père s'était retrouvé affublé à la fin du troisième opus. Un petit caméo d'Orlando Bloom plus tard, on découvre un autre personnage campé par Kaya Scodelario, qui se fait accuser d'être une sorcière alors qu'elle professe la science et n'aura de cesse de le répéter pendant tout le film même si sa science... on ne sait pas exactement ni ce que c'est, ni qu'elle fait puisque d'un moment à l'autre, les règles changent... mais on y reviendra. Bref, elle cherche un Trident, celui de Poséidon, qui a tout pouvoir sur toute chose. Et elle rencontre Turner, qui cherche le même Trident, puis Jack Sparrow qui cherche juste du rhum, puis le Trident aussi. Et il y a Salazar, c'est un nouveau méchant, dans le Triangle des Bermudes, et lui, il cherche un peu le Trident, mais surtout Jack Sparrow. Et il y a Barbossa, qui ne cherche pas le Trident mais à aider Salazar, puis finalement il cherche aussi le Trident, mais en fait, il veut surtout traîner avec Kaya, parce que chut, mais c'est peut-être sa fille.


Okay, on a l'impression qu'il y a plein de personnages qui vont faire plein de choses, façon Pirates des Caraïbes-style mais non. C'en est à un point où le trio de protagonistes ne fout littéralement rien du tout de toute l'intrigue, se contentant d'être traîné d'un bateau à l'autre, au gré des événements. Cocasse, parce que Turner fait justement remarquer à Sparrow qu'il passe son temps soûl et endormi. Mais oui, si on fait le compte précis, son personnage passe plus de temps à dormir et à picoler qu'à agir ou avoir un quelconque impact sur l'histoire. Pour Johnny Depp, ça a dû ressembler à une semaine normale, au final, je suis même pas sûr qu'il ait remarqué la présence des caméras. Quand à Henry Turner et Carina Smyth, même constat : à part chouiner qu'ils ne sont pas amoureux l'un de l'autre (alors qu'ils le sont), ils ne feront rien de bien important. C'est tout juste si Carina parvient à trouver l'endroit où est caché le Trident. Du coup, difficile de se piquer d'intérêt pour eux. D'autant plus quand j'ai un passif avec Monsieur Brenton Thwaites, dont j'avais déjà admiré l’ÉNORME performance dans l'INCROYABLE « The Giver ». Brenton, arrête, ce métier n'est pas pour toi, tu t'épanouiras bien plus en devenant surfer. Le pompon est remporté par le méchant nouveau, Salazar, qui est useless au possible, n'a jamais l'occasion de valoriser un peu le danger qu'il représente et surtout, s'en borne à être un sous-Davy Jones. Ho, et tant que j'y suis, j'aime bien quand on invente des règles au fur et à mesure. Genre Kaya et sa lecture des étoiles qui doit d'abord être en pleine nuit, pis en plein jour finalement, pis en fait elle a besoin de son livre pour calculer le cap, mais en fait il n'y a pas de carte. Et Salazar, qui peut posséder des gens, mais qu'une seule fois (comme ça sent le reshoot), tout ça pour ne donner qu'un rebondissement tellement mineur qu'on se demande si ça valait vraiment la peine de l'ajouter.


Mais bon, on attendait un divertissement, quand même. Parce que l'air de rien, moi, j'aime bien, Pirates des Caraïbes. Les scènes d'action étaient souvent marrantes et inventives, comme dans le second opus et sa course-poursuite dans la prison sphérique ou le duel à trois sur une roue géante en mouvement. À défaut d'être un trésor du cinéma, le récit servait des situations absurdes et toujours originales et ça, c'était cool. Et c'est tout ce que je demandais à ce nouvel opus : de revenir à la base des combats dans des contextes abracadabrants. Eh ben même là, ça passe à côté. On a un combat attaché à un banc de guillotine que le fond vert très visible gâche un peu, un duel en sautant de canon en canon entre deux navires, pendant un abordage. Voire même cette course-poursuite dans un gouffre marin qui se remplit d'eau mais qui intervient beaucoup trop tardivement pour relever l'intérêt. Et attention, j'ai rien contre les fonds verts ou les CGI, mais c'est un outil, pas une finalité : ici, tout manque tellement d'inspiration qu'on voit bien que les décors générés par ordinateur ne sont que l'oeuvre d'une implacable fainéantise. Entre l'île mystérieuse qui marque un unique joli plan mais s'avère vite toute dégueu et le fond marin, niveau émerveillement, faut passer sa route.


Wow. En termes marins, on appelle ça un putain de naufrage. J'avais rarement vu un film se planter comme ça, en entraînant tous et toutes avec lui. D'un Javier Bardem mineur à un Johnny Depp tout simplement absent de son propre rôle, le métrage arrive à rater même les rares tentatives pour entreprendre du neuf ou conclure son récit de façon honnête. Il n'y a plus qu'à espérer que cette bobine ait passé l'envie à Jerry Bruckheimer d'en faire d'autres. J'en suis même venu à me dire que j'aurais dû faire comme Johnny Depp : picoler du rhum et dormir sous une table. Au final, il a donné l'impression d'avoir vécu une bien meilleure expérience que la mienne durant cet infâme tromblon.

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le 21 janv. 2018

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