On avait été ravis par le premier "Pirates des Caraïbes", dans les limites de l'exercice, évidemment. Mais comme à Hollywood, décidément, "bis repetita placent", on applique au "Secret du Coffre Maudit" l'habituelle règle de la plus grande facilité, c'est-à-dire qu'on reprend la même équipe, le même "scénario" avec les mêmes enjeux, en pariant qu'on surpassera le premier film en multipliant et accentuant tous les éléments de la "franchise".
On nous offre donc plus d'effets spéciaux - remarquables, ceci dit, et l'on se souviendra de l'impressionnant "Hollandais Volant" et de son répugnant capitaine Davy Jones -, de l'action non-stop (le spectateur, épuisé, regarde rapidement avec indifférence les pantins qui s'agitent sur l'écran), des rebondissements en cascade (le fil du récit, s'il y en a, est rapidement perdu, et on échoue à comprendre / se souvenir ce que cherchent les personnages au bout de vingt minutes de film). Même Johnny Depp, toujours en roue libre, visiblement enivré par ses brillantes trouvailles dans la composition de Jack Sparrow, qu'il frôle régulièrement la chute du mauvais côté du grotesque.
Malgré un échec artistique que l'on ne peut que qualifier de total, ce deuxième volet de "Pirates des Caraïbes" réussit néanmoins à ne pas être un film ennuyeux, sans doute parce que sa boulimie perpétuelle de sensations a quelque chose de quasi-enfantin, qui nous inspire une indéniable tolérance. Ainsi les scènes de poursuite avec la tribu cannibale au début du film, puis la très longue bataille sur l'îlot de sable blanc, avec le délicieux combat dans la roue du moulin, réussissent encore à nous amuser. Ce n'est pas suffisant par rapport à la durée excessive du film, mais cela nous empêche de rester avec un trop mauvais souvenir du film...
[Critique ré-écrite en 2021 à partir des notes de 2007]