Le poinçonneur des Lilas, version viol doux

Cela fait maintenant six ans que je veux voir ce film et je retombe vraiment par hasard dessus et c'est un plaisir. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas vu un Wakamatsu. La première chose qui marque et c'est aussi le seul défaut du film, c'est la durée, le film est plus long que les autres films du bonhomme, ici le film dure quelque chose comme trente minutes de plus et ça se sent. Pas que ces minutes soient inutiles, mais disons que là où dans d'autres de ses films il arrivait à condenser le tout en 1h10 (sans pour autant surcharger d'événements le récit) ici ça semble un peu plus (voire même trop) étiré.


Le film met beaucoup de temps à commencer, facilement une demi-heure, on suit le personnage principal dans sa vie quotidienne, où il essaye d'être un brave gars, d'empêcher un viol, une bagarre dans un bar, où il fait un métier de merde à faire des petits trous, encore des petits trous, toujours des petits trous et puis il craque. Il craque parce qu'on voit sa vie morne filmée en plan fixe qui contraste immédiatement avec la scène suive où il surprend un coït en pleine nature avec une fille ruisselante de sueur tant elle apprécie.


Le film devient alors quasiment muet, presque plus de musiques, plus de dialogues, j'ai même vérifié que mes enceintes fonctionnaient bien, on se croirait dans un remake du cercle rouge, sauf que là on ne tente pas de cambrioler pendant 20 minutes, mais bel et bien d'accomplir un viol sur une personne endormie.


Wakamatsu ne juge pas son personnage, on comprend sa position, sa vie n'est pas trépidante, sa femme est vielle et moche et surtout on voit bien qu'il ne pense pas à mal. Il prépare même le petit déjeuner à ses victimes. C'est là que l'on voit tout le talent de Wakamatsu qui "s'amuse" avec les angles de vues pour rendre ces scènes de viol absolument sublimes, tout en les alternants avec des séquences plus musicales où le héros marche dans cette fameuse piscine sans eau et qui elles aussi sont très belles.


Il en sort donc que malgré un début un peu lent on a un film d'une grande beauté visuelle, assez dérangeant (j'avoue que le viol de la grenouille pour tester le chloroforme je ne m'en remets pas) car il arrive vraiment à jouer avec l'ambiguïté du personnage principal, qui semblait être un bon gars et qui se transforme en violeur, alors qu'il les combattait au début du film. Il faut noter que le film reste ambigüe jusqu'à la sur la "moralité" des actions du héros, on a vraiment l'impression que l'une des filles qu'il viole le considère limite comme une sorte d'Amélie Poulain (ou du moins comme autre chose qu'un simple agresseur).


Mais ce qui est certain c'est que l'aliénation du personnage principal ne vient pas de nulle part et que la nullité de sa vie professionnelle et familiale n'y est pas rien. Sommes-nous tous des détraqués que nos vies de merde peuvent réveiller ?

Moizi
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le 14 mai 2017

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