Pitfall
6.9
Pitfall

Film de André De Toth (1948)

Quand Bertrand Tavernier dit du bien d'un réalisateur, c'est rarement gratuit.


C'est mon premier De Toth, si je ne m'abuse. J'aime bien.


Le film commence par le départ de John Forbes, un employé d'assurance au travail, dans le décor typique de l'Amérique triomphante d'après-guerre. Forbes se lamente de sa vie routinière et n'a l'impression de n'être qu'une statistique.


Arrive Mac (Raymond Burr), qui fait son rapport sur Mona Stevens, la compagne d'un gars envoyé au bagne pour détournement de fond. Forbes décide d'aller rencontrer la fille pour faire l'inventaire de ses biens pour liquidation...


Mona est mannequin, provocante, la vamp de L. A. pur sucre. Forbes a une aventure avec elle. Mac, jaloux, ne cesse de les suivre. Il tabasse Forbes, puis va voir le mari de Mona en prison pour l'avertir de l'infidélité de sa femme. Mac lui confie même à sa sortie de prison un revolver et l'adresse de Forbes. Inexorablement, le dénouement prévisible arrive...


C'est un film noir des plus classiques et de la plus belle eau. Si l'intrigue pourrait être plus nerveuse, le réalisme de De Toth, qui filme dans la rue, dans la baie de L. A., dans le décor de banlieue de Santa Monica, ajoute une intensité réelle à cette histoire un peu prévisible. Il y a une sorte de fatalité à partir du moment où Forbes décide de céder à la tentation d'une vie plus intense. Son amertume n'en est que plus grande quand il décide de faire marche arrière. Réalisme, donc : des décors de bureau, mais un noir et blanc qui fait assez peu "studio", quand on y songe. Des cadrages efficaces, mais qui s'accompagnent d'un grand sens du découpage : c'est d'autant plus louable que le film n'a pas dû coûter bien cher.


Les acteurs sont fort bien dirigés : Raymon Burr fait toujours aussi bien les salauds inquiétants et minables ; Dick Powell est émouvant ; Lizabeth Scott arrive à dépasser son statut de clone de Bacall, notamment quand son visage s'illumine d'un sourire désarmant. J'aime aussi beaucoup Jane Wyatt, qui joue la femme de Dick Powell de manière fort touchante.


La musique, très Los Angelès, année 1950, fait beaucoup pour l'ambiance. Je crois que je préfère ce film à bien d'autres "classiques" avec Alan Ladd et Veronica Lake.


J'aime beaucoup le dénouement si ambigu, quand l'épouse vient chercher son mari à la sortie du palais de justice. Que ressent Forbes à ce moment-là ? En tout cas les propos de sa femme font très vrais.


Mais ce qui me fait fondre complètement, c'est l'ode à Los Angelès et à la Californie que constitue ce film. Ces parkings bourrés de Dodge, la Californie du Sud vue d'un canot à moteur, la coiffure d'une blonde volant au vent : c'est peut-être superficiel de ma part, mais comment résister à ce type de glamour ?

zardoz6704
8
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le 30 mai 2013

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zardoz6704

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