Qui se souvient de L'âge de cristal (1976) dont le thème était le même que celui de Plan 75 mais avec un traitement de SF, assez efficace d'ailleurs, très différent de celui du premier long-métrage de Chie Hayakawa ? La réalisatrice japonaise, dans le contexte actuel du vieillissement de la population dans l'archipel et de la disparition du lien intergénérationnel, a tenu à ce que son film soit le plus réaliste et le plus crédible possible et, de ce point de vue, elle a parfaitement réussi, avec une mise en scène glacée qui ne laisse béer que quelques rares moments de tendresse. Le programme mortel dont il est question, administré de manière douce par des employés dociles est d'autant plus terrifiant qu'il s'accompagne de "détails" subtilement distillés (la récupération des ossements) et atroces. Malgré ses qualités, le film reste cependant bloqué sur un rythme languissant qui fait regretter qu'il ne soit pas davantage resserré et partant, plus percutant. Autre élément un peu en sa défaveur : son côté choral, qui part de bonnes intentions, mais qui disperse nettement l'attention, avec au moins un personnage en trop, alors qu'en se focalisant sur sa principale protagoniste, la vieille dame obligée de travailler encore à 78 ans (un état de fait de plus en plus fréquent au Japon), le film aurait gagné en humanité et en émotion. Ceci dit, Plan 75 offre la voie à une réflexion profonde pour toutes les démocraties confrontées au sujet du vieillissement de leur population. En espérant évidemment qu'aucun État n'adopte les mesures décrites dans le film.