"Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma.
Des croûtes, j'en ai vues.
Des scénarios rasoirs, j'en ai lus.
Des navets filmés, j'en ai regardés.
Mais quand une oeuvre vient vous prouver non seulement que ces catégories offrent aussi des perles et que de surcroît une seule peut arriver à toutes les cumuler, vous vous surprenez un instant à entrevoir une certaine forme naturelle de béatitude.
Portrait de la jeune fille en feu, c'est tout ça.
Un scénario à la fois simple et précis, savamment amené, des dialogues sans ambages, sans fioritures, nets et précis, des actrices (eh oui pas d'acteurs) justes, belles, touchantes, crédibles, le moins que l'on puisse espérer de ce film qui offre la vision d'une époque où la femme est en plein dans les carcans conventionnels des attendus qu'on lui exige.
Féministe? Oui assurément. Mais avant tout féminin.
Non on ne s'oppose pas radicalement ici aux carcans, on les dénonce avec finesse, on les contourne avec art et passion, on les transgresse avec une intelligence et une suavité qui vous ensorcellent littéralement.
Cette ode purement transcendante à la femme, c'est un camaïeu de couleurs et un si élégant pied de nez anti-conformiste au bien-penséisme.
Cela ne vient pas pour autant vous proposer de l'amour au féminin comme preuve de son existence, ça vient vous peindre de l'amour au féminin sur une toile de maître.
Il est beau, il est vrai, il est sublime et sublimé.
C'est une construction à la fois solide et pleine de tendresse, l'émotion est ressentie comme troublante, pas larmoyante, pas dérangeante.
Vous regardez, vous écoutez, vous peignez vous même les personnages et les scènes, parce que le début du film vous aura appris à ressentir, à observer, à retenir, pour ensuite vous livrer les cœurs, les âmes que les enveloppes avaient tenté de camoufler.
Ce film est pour moi l'une des meilleures démonstrations possibles de l'art cinématographique au rang mérité de 7ème Art.