L'appât du mal
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le 2 mai 2014
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Mais qu'est-ce que c'est que ce film de fou furieux??? Je ne m'attendais pas à ça, j'en reste sur le cul...avec ce film interdit pendant des années, Zulawski signe une des œuvres les plus sombres que j'ai vues (et pourtant j'en ai vu un paquet dans le genre). Comment ai-je pu ne pas le voir avant?
Dans un Berlin pré-chute du Mur, un couple (Sam Neil et Isabelle Adjani) se sépare dans l'absolue douleur: lui s'aperçoit qu'elle a une relation avec un autre homme et enquête pour trouver l'identité de celui-ci, sans savoir qu'il s'agit d'une sorte de monstre issu des oeuvres de Lovecraft. Au fur et à mesure, le personnage d'Isabelle Adjani s'enfonce dans l'hystérie et la folie, dont le point d'orgue reste la scène de "possession" dans le métro, où l' "héroïne", revenant d'une forme d'extase masturbatoire face à une statue du Christ, hurle et se jette partout pour finir par terre dans une stase mêlant le sang, la pisse, la bave, les larmes et autres liquides organiques. Une des scènes les plus incroyablement angoissantes qu'il m'ait été donné de voir, âmes sensibles s'abstenir, j'en ai encore mal au bide.
Côté mise en scène, le cinéaste décrit parfaitement la figure du doppelgänger en filmant souvent les personnages par deux, en répétant les plans, en attribuant même des doubles physiques aux personnages. La caméra devient elle-même folle en tournoyant partout (les cercles de l'Enfer?) et insiste finement sur le Mur de Berlin pour parler métaphoriquement du communisme et de l'oppression qui transforment les personnalités, comme un point de non-retour de la frontière entre raison et folie. Les plongées et contre-plongées jouent un rôle essentiel dans la transcription du malaise permanent dans le film; je pense particulièrement à un plan où de la viande hachée sort d'une machine qu'Isabelle Adjani actionne, fast foward vers la chair qu'elle meurtrira tant de fois pour son "amant".
Possession, c'est aussi une narration complétement atypique qui mélange les époques et des scènes qui s'étirent de manière incontrôlée, dans un montage lui-même atteint de folie furieuse.
Je reverrai ce film un jour. Pour le moment, je dois encore le digérer; je garderai longtemps l'image d'une actrice elle-même possédée par son rôle, dont je n'avais que rarement vu un tel talent. Elle dit maintenant regretter son rôle car il lui a trop coûté mentalement. Je comprends!
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films français, Les films les plus obscurs, Les meilleurs films de descente aux enfers, Chelouuuuuuuuuuu ! et Films à (re)voir avec céri
Créée
le 13 mai 2017
Critique lue 270 fois
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le 2 mai 2014
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