Selon la formule consacrée, ce premier film n'est pas un film abouti. Efficace d'un point de vue comique, la mise en scène de Woody Allen n'a pas encore cette élégance légère qu'on lui trouvera par la suite. Les thèmes futurs d'Allen, ses thèmes existentiels et métaphysiques, y affleurent déjà mais superficiellement. En revanche, le personnage allénien, maladroit et angoissé congénital, est parfaitement identifiable, subissant invariablement la dérision de son interprète et auteur.
Allen incarne ici un pauvre bougre devenu bandit par nécessité, un voleur de sac à main puis de banques peu doué pour l'existence criminelle et que son amateurisme conduit régulièrement à séjourner en prison.
Sur un mode narratif en voix off, Allen parodie les biographies cinématographiques des grands criminels, à ceci près que Virgil Starkwell n'en est pas un. Malgré ses mots d'auteur, la comédie est surtout visuelle, s'inspirant des grands maitres du muet, les Chaplin et Keaton ou autres Marx Bothers, dont Allen ressuscite l'esprit, soit par son apparence de clown triste et binoclard, soit par son goût pour l'absurde. Son film n'est pas loin d'être un hommage.
Certains effets, reconnaissons-le, sont un peu faciles (c'est étonnant de la part d'Allen) mais cette comédie sans temps mort est souvent irrésistible.