Une petite comédie sympathique, certes naïve et bienpensante, mais qui fait du bien. Ivan Reitman devait avoir des dons de prescience, puisqu'il prophétise avant l'heure le "Monica Gate" qui a défrayé la chronique sous le mandat de Bill Clinton, et grossit le trait jusqu'au gag (pas si invraisemblable que ça : notre cher Président Félix Faure est mort exactement de la même façon, pour l'anecdote historique) de faire clamser le Monsieur le Président d'un malaise cardiaque lors d'un ébat avec la secrétaire... Il faut donc trouver une solution, vite : ah, tiens, y'a un campagnard qui est son sosie parfait, et si... Vous avez compris l'idée. Évidemment, le Président "de pacotille" se révèle très vite beaucoup plus aimable, humain, populaire, que le vrai, "parce que c'est un gars du peuple, il connaît les problèmes de la vie" (la morale ne va pas chercher loin, mais on la valide quand même, en bon plébéien qu'on est). A ce petit jeu, Kevin Kline est ultra attachant, surtout en binôme avec Sigourney Weaver qui joue l'épouse qui n'est pas dupe longtemps (ça change des films où la concubine est assez niaise pour n'y voir que du feu), ou Ben Kingsley qui joue le Vice-Président accusé à tort d'un trafic de fonds. La musique de James Newton Howard tape dans l'oreille (très belle musique), la réalisation est soignée et l'humour fait mouche (merci Ivan Reitman, comme à son habitude impecc' dans les comédies), et on termine avec un large sourire un peu nunuche (le scénario est niais, mais le plaisir du film passe vite par-dessus) et heureux. Mention au gag du couple présidentiel qui se met à chanter devant un flic pour faire croire qu'ils sont de simples comédiens, qui termine par le flic qui prend à part Kline (on pense qu'il va l'engueuler), et lui dit "Vous, ça va encore, mais elle... Y'a du boulot." (pour suggérer qu'elle chante comme une casserole), c'est vraiment bien trouvé, ça fonctionne, comme la majorité des situations comiques qui foisonnent dans cette comédie simplette, mais efficace. Et puis, ça donne des idées pour "chez nous" : ne peut-on pas mettre une secrétaire de soixante-dix piges (et blonde) à l’Élysée ? (Préparez le sosie bouseux, cette fois, c'est la bonne).