mai 2011:

Allez savoir pourquoi, ces jours-ci je lis un bouquin sur De Palma et sa lecture m'a donné un moment envie de voir un Carpenter! Étonnant. Une association d'idées dont je n'ai pas le souvenir. Quoiqu'il en soit, si j'avais déjà vu ce "Prince des ténèbres", c'était il y a longtemps, parce que je n'en gardais aucun souvenir précis, aussi fut-ce comme une découverte. Enfin un avantage à avoir une mémoire poreuse!

Tout de suite, la musique de John Carpenter, très métallisée, synthétisée, cadencée, au style reconnaissable entre tous, met en place cet environnement à la fois oppressant et si prometteur.

Promesse d'un très bon suspense, un spectacle super bien foutu. J'aime beaucoup Carpenter : il y a quelque chose de jubilatoire dans l'excès du genre horrifique, c'est comme avec Brian De Palma finalement! Tiens, ben le voilà peut-être, ce fameux lien qui m'a amené à ce Carpenter-là!

Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un fanatique des histoires sataniques mais l'idée d'en associer une à Carpenter m'a particulièrement excité. Savoir que Donald Pleasance est au générique est également d'un attrait considérable.

Chose promise, chose due : j'ai un bon film, juteux comme il faut, bien plus horrifique que le dernier Carpenter que j'ai vu ("The fog"). J'ai adoré l'idée, la construction du récit et cette mise en scène. La force de Carpenter se révèle éclatante tant sur le plan du scénario, savamment élaboré, de la maitrise du rythme jusqu'à la structure générale de cette histoire.

Je m'interrogeais sur l'originalité d'une telle œuvre. Je ne connais pas grand chose au genre, alors je me suis posé ce type de questions après le film. Celui-ci fait preuve d'une sorte de classicisme, non? J'en ai le sentiment du moins. Un groupe de personnes obligés de survivre dans un lieu hanté. Voilà un huis-clos que le cinéma d'horreur a su copier et recopier à l'envi! Mais John Carpenter en est-il l'initiateur?

Le parasitage d'un individu dans le groupe par une force du mal n'est pas de lui, c'est vieux comme le cinéma de la guerre froide, avec ces séries de s-f pleine d'aliens qui prennent possession des enveloppes charnelles humaines pour mieux envahir le monde capitaliste ("L'invasion des profanateurs de sépulture", "Les envahisseurs de la planète rouge", etc.). Véritablement je ne sais pas quelle est la part d'invention du réalisateur, ce à quoi on lui doit une paternité effective.

Ce que je sais par contre, et qui est bien plus important, c'est que ce "Prince of darkness", avec toutes ses caractéristiques procure un réel plaisir cinéphile. Un aspect artisanal se dégage de je ne sais quoi. Les effets spéciaux sont très efficaces. Certains laissent apparaitre leur ancienneté mais n'empêchent rien. Bien au contraire. Peut-être le jeu des comédiens aussi?

En tout cas, j'ai beaucoup aimé. Très simple, le film tient un rythme crescendo bien balancé. Merveilleuse construction du suspense. Implacable. Finalement ce qui m'a foutu le plus les jetons, c'est le visage crispé de Jessie Lawrence Ferguson avec ce rire démoniaque. Voyez, on ne peut plus simple et efficace. Plus je vois de films de cette époque et de ce genre, plus je prends mon pied.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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Alligator

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