Grand succès du cinéma ukrainien tant national qu’international, premier film ukrainien à gagner les écrans chinois, première œuvre d’animation 3D bénéficiant d’un budget suffisant – quoique limité si on le compare à celui d’un blockbuster américain lambda – pour proposer un divertissement regardable, Vykradena pryntsesa: Ruslan i Lyudmyla pâtit pourtant d’une identité bâtarde parce qu’incapable d’articuler aux codes hollywoodiens, ici omniprésents, sa matière orientale, comprenons celle, littéraire, du poème de Pouchkine et de l’opéra de Glinka qui ont consacré le conte ici représenté, et celle, strictement plastique, d’une animation d’inspiration traditionnelle – il suffit de se référer aux divers dessins et gravures illustrant ce conte.


Et si l’ouverture, qui impose d’emblée tous les clichés de la fantasy actuelle, figure un Malafar fidèle aux représentations russes et ukrainiennes, comme lors de l’édition du poème russe en 1887 réhaussée des lithographies de Shcheglova, les autres personnages semblent sortis de Tangled (Nathan Greno et Byron Howard, 2010) ou de toute autre production Disney récente. Le lissage numérique n’a d’égal qu’un lissage thématique, et l’univers tout à la fois sombre et épique du conte devient le prétexte à une histoire d’amour basique sur fond de libération des corps et des esprits hors des carcans sociétaux : un artiste incompris, qui se rêve chevalier sans atteindre la démesure d’un Don Quichotte, une jeune femme féministe dans l’âme qui refuse le mariage arrangé – pour ne pas dire forcé. Le film parle de son temps et parlera à un jeune public, ce qui n’est pas une moindre qualité. Pour autant, sur le plan strictement cinématographique, rien de neuf sous le soleil : voilà un divertissement passable, pas désagréable mais qui ne restera pas dans nos mémoires.

Créée

le 21 août 2022

Critique lue 91 fois

2 j'aime

1 commentaire

Critique lue 91 fois

2
1

D'autres avis sur Princesse Mila et le sorcier au coeur de pierre

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14