Hey. I said, what are you doing?

Nos actes ont des conséquences.

Que l'ont soit auteur ("acteur") d'un acte de violence ou observateur ("passif") nous sommes tous responsables. "Je n'ai rien fait de mal" → si … tu as assisté à un viol et tu n'as rien dit, alors non techniquement non tu n'as rien fait, mais rien faire c'est déjà quelque chose : c'est faire le choix de NE PAS agir.

Ce film est un mélange de comédie dramatique et de thriller, il est traité sous l'angle de l'humour et de l'excentricité, même si les scènes de fin perdent le ton de l'humour pour y laisser une place plus importante au drame. Les couleurs sont rétros, les musiques envoutantes, la photographie est bien travaillée, et le personnage principal nous subjugue du début à la fin.
Bien sûr il n'est pas parfait et contient quelques maladresses.
Mais c'est un film marquant qui délivre un message clair, qui laisse des citations fortes en tête, ainsi que des scènes qui nous font l'effet d'une claque esthétique et nous marqueront un moment.

Ce que j'ai bien aimé c'est que ce long métrage ne culpabilise pas plus la gente masculine que la gente féminine.
Ce film ne rentre pas dans le cliché de l'agression commise par une classe défavorisée, par un homme misogyne, inculte et rejeté de la société. Et c'est ça qui rend le film réaliste.

La réalisatrice nous montre que l'agresseur n'est pas le seul fautif, ceux qui filment, ce qui ont eu accès à la vidéo, la directrice qui ne pousse pas l'enquête (et qui dort sur ses deux oreilles comme si de rien était), tous ces gens sont tout autant responsables si ce n'est plus car ils devraient avoir du recul face à la situation.
Et cela implique des hommes comme des femmes, qui sont l'un comme l'autre responsables de cette omerta face au viol.
En bref tout le monde en prend pour son grade.

"Ces filles se mettent en danger toutes seules" : non, une fille bourrée ou habillée "trop court" ne devrait pas se sentir en danger. Si on comprenait qu'une femme bourrée n'est pas consciente de ce qu'elle fait, qu'elle n'est pas en mesure de dire "non" et donc qu'elle ne peut pas être consentante, cela n'empêcherait peut-être pas l'acte de se produire, mais au moins les affaires judiciaires pourraient être résolues comme elles se doivent. Ce serait déjà un bon début.
Car oui c'est une chose d'être abusé sexuellement, mais c'en est une autre de n'être cru par personne, d'être pointé du doigt comme "quelqu'un qui l'a bien cherché", et de voir son agresseur vivre sa vie comme si de rien n'était.

Ce qui est novateur dans ce film ce sont les circonstances de l'agression, on a tous cette image en tête de la fille qui rentre seule le soir et qui tombe sur la mauvaise personne au mauvais moment.
Oui sauf qu'en réalité cela arrive plus souvent malheureusement dans un cadre plus familier, avec des personnes que l'on connait (ici les élèves de la même promotion).
J'ai bien aimé le fait qu'il n'y ait pas de scènes de viol, cela n'aurait pas apporté grand chose.
Par contre la scène dans la chambre lors de l'enterrement de vie de célibataire est assez longue et dure à supporter, et sans mauvais jeu de mots "étouffante". Le but est peut-être de nous faire vivre par procuration le fait d’être hors contrôle, sous l'emprise de quelqu'un, comme ce que vit une personne victime d'une agression.
Ce film nous fait passer par toutes les émotions possibles et imaginables tout en nous faisant réfléchir sur nos actes.
J'espère qu'à la suite de ce film coup de poing certaines personnes auront pris conscience de l'importance qu'a la parole.
Car plus que vouloir culpabiliser la société entière, le but de cette oeuvre est de nous responsabiliser. Oui nous avons un pouvoir, oui nous pouvons changer les choses, il suffit parfois juste d'ouvrir sa bouche pour laisser échapper quelques mots.