Voilà, c’est fait, j’ai visionné Pulp Fiction, le chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre de Tarantino, l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma, et… je n’ai pas accroché. Alors, bien sûr, je dois préciser, avant qu’on ne vienne me couper la tête, que j’ai quand même constaté que c’était un putain de film d’artiste. Tarentino nous propose ses propres codes (un peu similaire à ceux que l’on voit dans Reservoir Dogs, et qui sont sa marque de fabrique désormais). Le film est remarquable pour sa mise en scène, son rythme, ses influences. Ce scénario en puzzle qui se reconstitue au fil des séquences est très ingénieux, je dois l’admettre. Le film a vraiment une âme, une identité folle. C’est ce que j’ai ressenti en le découvrant (c'est bon, vous pouvez poser vos fourches, je ne suis pas un provocateur qui vient vous casser les pieds). Mais, en réalité, je ne peux pas me mentir à moi-même, et dire que j'ai aimé ce film, juste parceque c'est cool de dire "j'adore Pulp Fiction". Pendant le visionnage, je me suis fait chier. Mais, je l'ai regardé d'une traite, ce qui sous-entend tout de même qu'il est carrément efficace (d'habitude quand je me fais chier devant un film, je le regarde en deux ou trois fois). C’est vrai que l’intrigue ne manque pas de style, mais les dialogues, aussi savoureux soient-ils, sont trop nombreux. L’action est trop rare. L’hyperviolence est constamment dédramatisée, voir ironisée, et ça m’a mis mal à l’aise. Les séquences n’ont aucun liant entre elles. La timeline rend complètement dingue. La définition des personnages manque de crédibilité (on a l'impression qu'ils sont tous inconscients ou stupides).


Je vais le dire rapidement, comme ça ce sera fait et je pourrais passer à autre chose. Les « nègres » par-ci, « les nègres » par-là, ce n’est juste pas possible pour moi. Là c’est le moment où les connards vont rétorquer « ouais, mais c’est une autre époque… », et je ne vais pas rentrer dans ce jeu (d’ailleurs, je ne répondrais même pas aux commentaires qui essaient de justifier ces dialogues minables), mon intention était seulement d’exprimer le fait que ça m’a fortement dérangé, quel qu’en soit la raison, ça ne m’a pas plu. Tout comme je n’aime pas que les homos soient stigmatisés dans le cinéma des années 80, où lorsque le sexisme est décrit comme une qualité dans les James Bond, je n’aime pas le racisme ordinaire au cinéma (surtout lorsqu’il n’est pas justifié par le sujet du film). Heureusement que le film ne se prend pas au sérieux, sinon je lui aurais mis un zéro rien que pour cette raison.


D’un point de vue tout à fait personnel et de nouveau sans incidence sur ma notation, j’ai trouvé les coupes de cheveux des personnages ridicules. John Travolta est tellement laid dans ce film. Même Uma Thurman est dégueulasse. Samuel L. Jackson a aussi été massacré capilairement parlant. Bref, je pense que les allures folles des personnages ont aussi contribué au succès du film, d’une certaine manière… alors, pourquoi pas...


Là où le ba blesse, c'est dans le fond. J’ai trouvé l’histoire complètement barrée, et pas toujours crédible. Ça va dans tous les sens, on ne comprend pas toujours où Tarentino veut en venir avec son idée de base (que je n’ai pas su deviner d’ailleurs, il s’agit peut-être de la scène finale dans le restaurant, il a certainement cousu tout le reste à partir de cette image, c’est ce que je me dis, mais je me trompe sans doute). Certaines intrigues oublient leurs conclusions. Par exemple qu’est-ce que devient Mia Wallace, et au fait, c’est qui ce mec qui lui a massé les pieds ? J’aurais bien aimé savoir s’il s’était vraiment fait zigouiller pour ça, ou si ça n’a rien avoir comme le prétend Mia. J’ai loupé un détail peut-être... Et Butch, c’est qui en fait ce mec ? OK, c’est un truand, mais pourquoi il est là ? La séquence avec les violeurs sadomasochistes, je n’ai pas bien compris non plus. Et puis d’abord à quoi il sert Butch dans l’intrigue globale (est-ce que seulement il y a une intrigue globale?). On dirait qu’il a été ajouté sur un coup de tête. Bref, il y a trop de questions qui restent sans réponses et ça énerve un perfectionniste comme moi. Il y a certains liens entre les personnages et les histoires que je ne comprends pas, et c'est cela plus que le reste, qui m'embête vraiment.


En réalité, c’est vrai, j'admets que je suis un peu passé à côté du film, et je n’ai pas compris ce qu’il avait à raconter en définitive. J’en ressors en mode « ça ne servait à rien en fait, juste un exercice de style ». Alors OK, il y a des messages véhiculés... quoique j’essaie d’en trouver des pertinents, mais je ne me souviens de rien de notable (et ce n’est pas le monologue lunaire de Jules à la fin du film qui risque de me mettre sur la voie, car je n'ai pas compris la logique de son raisonnement). J’ai lu sur Wikipedia : « Le film revendique son artificialité ». Tu m’étonnes ! Artificiel ! Voilà c’est bien le mot. Et c’est peut-être ça qui m’a déplu ici. Je sais que dans certains films, les meilleurs peut-être, nous avons besoin d’un deuxième visionnage pour assimiler toutes les subtilités de la narration, mais là c’est carrément l’intention que je n’ai pas saisie. Après si l’intention était de faire un film artificiel, je comprends mieux mon ressenti de vide sur le plan du fond bien évidemment.


Sur la forme, il n'y a rien à dire, elle casse la baraque.


Au final, il n’y a rien à comprendre ? J’ai vu une sorte de compilation, un film d’anthologie, réunissant tous les courts métrages qui se bousculaient dans la tête du réalisateur, comme dans les magazines populaires dont il fait la description en ouverture.


Une fois tout cela dit, je salue la performance de Samuel L. Jackson, la véritable star de ce film. Bruce Willis, John Travolta, Ving Rhames et Uma Thurman ne m’ont fait absolument aucun effet. Par contre, j’ai absolument adoré la prestation de Tim Roth, accompagné pour l’occasion d’une actrice que je ne connais pas et sur laquelle je n’ai rien à dire de particulier. Harvey Keitel semble tout droit sortie de Reservoir Dog, comme si Quentin Tarentino ne s’était même pas donné la peine de lui construire un nouveau rôle. Ça m’a fait bizarre.


Bref, je suis vraiment entre le chaud et le froid avec ce film. Au départ, je me suis dit que j’allais tout de même lui attribuer 6 étoiles, estimant à juste titre que la forme l’emporte sur le fond. Sauf que je préfère les films qui ont de l’émotion, de l’intention, ceux qui nous font palpiter d’excitation, et ce Pulp Fiction m’a laissé froid. Donc ce sera une petite moyenne.


Casse-Bonbon

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