Puppet Master : Axis Termination, Charles Band, U.S.A, 2017, 1 h 14

Producteur exécutif à l’origine de l’histoire, producteur et réalisateur, c’est bon, Charles Band ne quitte plus la direction des opérations. Désormais bien en place, c’est lui qui prend en charge la conclusion d’une trilogie, qui refond entièrement tout l’univers « Puppet Master ». Ayant trouvé un bon rythme de croisière et une nouvelle identité propre et cohérente, la saga traverse modestement les années 2010, pour assurer à la phase III une apothéose.


Dans la continuité parfaite du précédent volet, ce onzième « Puppet Master » remplit parfaitement le contrat, et même un peu plus. Les temps ont changé et il constitue l’épisode le plus sanglant réalisé jusqu’à maintenant. Cette audace, de la part d’un cinéaste vieillissant, que l’âge révèle bien plus sympathique, prend a contre-pied une idée reçue et il semble désormais s’éclater avec ses moyens du bord.


Cette réaction, salvatrice pour une saga en dent de scie, arrive alors que les vidéoclubs ont disparu, et dans la masse de propositions actuelles trouver son public devient une tâche ardue. Pourtant ce dernier reste présent et fidèle, au point que des fans ont été jusqu’à payer pour apparaître en nazis dans le métrage. Ce nouveau procédé permet à Charles Band de continuer le financement de ses projets, tranquillou.


Ce n’est là finalement qu’un juste retour des choses, car le statut culte des productions de la Full Moon doit tout à son créateur. S’il est possible d’émettre des réserves sur sa gestion et sa vision du cinéma, sa longévité prouve que ce qui l’anime est une sincère passion pour un art auquel il contribue encore, à sa manière.


Il est à noter, pour l’anecdote, la présence de David DeCoteau en nazis lors d’une séquence bordélique (où ce sont des fans qui apparaissent majoritairement dans les costumes des “nazis thugs’’). Second principal contributeur au succès de la saga, DeCoteau a participé activement à l’établissement du culte autour d’une franchise constituée de vingt films, en l’espace de trente ans. Cela laisse percevoir que rien n’est terminé et que l’univers « Puppet Master » se situe certainement à l’aube d’une nouvelle phase, voire même d’une nouvelle ère.


Si comme Roger Corman l’inénarrable Charles Band voit sa centième décade, alors nous voilà bons pour encore au moins vingt années de « Puppet Master », sans compter le « Puppet Master : The Littlest Reich » de 2018, un reboot parallèle produit dans une logique de multivers. Ce projet bien trop ambitieux pour ses moyens, que Band cherche pourtant a exploiter depuis 1992 et l’exécrable « Dollman vs. Demonic Toys ».


Un rêve qui est en train de prendre forme, par la ténacité et la résistance de cinéphiles ayant compris les enjeux d’une telle franchise, unique dans la production et qui s’étend sur quatre décennies. Alors, malgré les frustrations et les longues séquences d’ennuis, on ne peut que se montrer admiratif, devant un cinéaste qui est toujours resté fidèle à sa vision et cohérent avec lui-même.


Finalement, Charles Band, sous ses nombreux aspects détestables, force quelque part le respect. S’il demeure facile de s’asseoir dans son canapé, de lancer les films et de critiquer, il est important de reconnaître que peu seraient capables d’accomplir une œuvre d’une telle ampleur. Il n’existe d’ailleurs aucune comparaison à date, où avec trois bouts de ficelle (pas plus) un producteur un peu toqué s’élance tête-bêche dans des projets farfelus des plus ambitieux, jonchés d’échecs et de ratés.
D’autant plus admirable, Charles Band a bien failli perdre la paternité de sa saga phare, avec le « Puppet Master vs. demonic Toys » de The Sci-Fi Channel. Cette production, il refuse d’ailleurs encore de la reconnaître comme faisant partie du canon « Puppet Master ». Par défaut, elle permet donc l’extension de l’univers étendu, puisqu’elle existe bel et bien.


Bien avant les errances sérielles du Marvel Cinematic Universe de Disney, dont les recettes se comptent en milliard de milliards, il y avait Charles Band, sa Full Moon et ce projet ambitieux et un peu fou, qu’il a su pérenniser adroitement à travers les années. Souvent comme un bourrin, il est vrai, mais si la finesse faisait partie de ses caractéristiques, la franchise ne se situerait sans doute pas là où elle se trouve aujourd’hui…


Alors oui, c’est nul et magnifiquement naze, mais il y a là-dessous quelque chose de touchant, de presque candide, et surtout d’inédit. Et rien que pour ça, on se doit de remercier ce saltimbanque de Charlie, pour nous avoir offert toutes ces productions miteuses, avec excès, sans rien demander en retour. Si ce n’est, louer des VHS et investir quelques deniers dans des DVD de mauvaise qualité, pour qu’il puisse produire encore un peu plus de petits films tout pourraves. Pour le plus grand malheur de notre santé mentale.


Hail to the King ! (comme on dit)


-Stork._

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le 21 août 2021

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