đŹ PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK - Sepideh Farsi | â 8/10
Construit autour des Ă©changes vidĂ©o entre la rĂ©alisatrice et la photojournaliste palestinienne Fatma Hassona, ce documentaire a pour vocation de capter de lâintĂ©rieur la vie Ă Gaza, au plus prĂšs de la peur, de la rĂ©sistance et du combat pour la vie.
Son dispositif, dâune grande simplicitĂ© (la rĂ©alisatrice filme avec un autre tĂ©lĂ©phone ses conversations en visio avec la jeune photographe) en fait Ă la fois la force et la limite. Cette Ă©conomie de moyens met en avant la puissance des visages et des voix, mais engendre aussi une certaine monotonie : malgrĂ© lâinsertion de photos, de vidĂ©os tournĂ©es sur place et dâextraits de journaux tĂ©lĂ©visĂ©s, lâensemble finit par se rĂ©pĂ©ter et aurait sans doute gagnĂ© Ă ĂȘtre plus concis. NĂ©anmoins, la dĂ©marche, dâune grande sobriĂ©tĂ©, et qui refuse la dĂ©monstration pour privilĂ©gier la pudeur et lâĂ©coute, reste Ă saluer.
Ce qui frappe avant tout, câest la prĂ©sence lumineuse de Fatma : son regard ferme, son sourire inĂ©branlable, mĂȘme lorsquâelle annonce quâune bombe vient dâexploser Ă quelques mĂštres de lĂ , ou qu'elle confie ne pas avoir mangĂ© de poulet, de chips ou de chocolat depuis plus d'un an.
La rĂ©alisatrice, observatrice Ă distance, et tributaire d'une connexion internet fluctuante, ne cherche pas Ă combler cette absence, laissant le spectateur Ă©prouver, lui aussi, cette frustration de ne pouvoir quâaccompagner et Ă©couter, sans agir.
Ainsi, chaque conversation devient un acte de résistance. Le réseau instable, les écrans qui se figent, les appels qui se coupent traduisent l'isolement de Fatma, la distance entre les deux femmes, ainsi que l'impuissance du regard extérieur.
La mort tragique de Fatma, survenue peu avant la prĂ©sentation du film au Festival de Cannes, et seulement deux jours aprĂšs leur derniĂšre conversation durant laquelle la rĂ©alisatrice lui apprend la sĂ©lection du film, confĂšre Ă lâensemble une charge Ă©motionnelle supplĂ©mentaire.
LâĆuvre, inachevĂ©e par la force des Ă©vĂ©nements, en dit autant sur lâimpuissance du cinĂ©ma face Ă la mort que sur sa nĂ©cessitĂ©. La parole de Fatma dĂ©passe alors le tĂ©moignage pour devenir testament.
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