Ce film vous happera : une leçon de cinéma par l'émotion et la technique !

• Je dois vous le dire d'emblée : ce n'est pas un film que l'on regarde, c'est une œuvre qui vous submerge. En tant qu'amateur de cinéma, j'étais curieux de découvrir cette Palme d'or de 1957, et le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'étais pas préparé à une telle intensité visuelle et émotionnelle.

• ​Pourquoi un 7/10 ? C'est la note que j'accorde à une œuvre fondamentale, un chef-d'œuvre de la mise en scène qui force l'admiration, mais dont le mélodrame, parfois écrasant, a réussi à me distancer légèrement par son caractère implacable.

​Ce qui m'a marqué

• ​J'ai été soufflé par la caméra de Sergueï Ouroussevski. Ce n'est pas juste un film, c'est une succession de mouvements audacieux, de plongées vertigineuses et de plans-séquences qui m'ont donné l'impression d'être physiquement dans le chaos de Moscou. La scène où Veronika court dans la rue, perdue, est un tourbillon d'émotions brutes, presque expressionniste.

• ​L'interprétation de Tatiana Samoïlova est déchirante. Je ressens vraiment sa détresse. Son personnage de Veronika, tiraillée entre l'attente, l'espoir et la culpabilité après le départ de Boris au front, est le cœur vibrant du mélodrame. Sa souffrance est palpable et c'est ce qui rend le film si poignant. C'est l'un des portraits féminins les plus forts que j'ai vus dans le cinéma de cette époque.

​Ce qui a tempéré mon enthousiasme

• ​Là où mon expérience a un peu flanché, c'est dans la tonalité du mélodrame. Parfois, la tragédie m'a paru un peu trop appuyée, un peu trop... grandiloquente. Le destin s'acharne sur Veronika avec une telle force que je me suis parfois senti spectateur d'une fatalité trop écrite. Et bien que le film soit un témoignage du "dégel" post-stalinien, j'ai trouvé que la morale patriotique qui imprègne certaines scènes, notamment la finale, vient un peu édulcorer la pureté du drame individuel qui m'avait tant touché au départ. Le basculement vers l'espoir collectif m'a laissé un léger goût d'inachevé émotionnel.

Conclusion

• ​En résumé, je suis sorti de ce visionnage avec la certitude d'avoir vu une œuvre majeure, une révolution formelle qui a marqué l'histoire du cinéma. Mais si la forme est un 10/10 absolu, la narration, par moments, m'a semblé un peu trop encadrée par son époque, d'où ce solide et mérité 7/10.