Vous les femmes....

Un film de Bresson est rarement chaleureux et optimiste, celui-ci ne diverge pas de la règle, et pour cause il s'agit d'une adaptation de Dostoievski. A la différence du film de Visconti, il s'agit ici d'une inspiration et non pas d'une adaptation stricte des Nuits Blanches de Dostoievski.

On ressent dans ce film le caractère étrange de la ville, de l'urbanité, de la modernité galopante, sans que tout ceci soit explicité, en le montrant (l'intérêt du cinéma), quelque chose que l'on retrouve également dans le Diable Probablement. On suit un jeune homme, Jacques, probablement étudiant aux beaux arts, taciturne, discret, l'air un peu perdu. Il rencontre Marthe un soir, alors que cette dernière s'apprêtait à commettre l'irréparable. Il tente de l'aider quelque peu, on sent que les deux personnages sont un peu perdu dans leur monde. Marthe vit avec sa mère. Les deux se retrouvent chaque soir, pendant quatre nuits, Jacques tombe quelque peu amoureux. Marthe de son côté, éprouve beaucoup d'espoir pour une relation commencée sous peu avec un autre homme, qui a reçu une propostion de travail pour les Etats-Unis....Marthe est dépitée de cet abandon, de cet amour fugace qui s'en va...Jacques tente de la réconforter, alors Marthe se rabat gentiment sur Jacques.. Naïveté féminine, fourberie féminine... Question éternelle tant Satan a de part de marché chez ces êtres. Jacques et Marthe arpentent les boutiques lors de cette quatrième nuit, une nuit d'automne probablement... Puis soudain, le prétendant à lunettes de Marthe reparaît, sans aucun discours quasiment, par simple jeu de regards, Marthe lâche le bras de Jacques et rejoint son fameux prétendant. Ce serait exagéré de résumer le film à cette simple fin, mais difficile de ne pas y voir une morale universelle rappelée, dans un cadre plus moderne, que Bresson dissèque au long de plusieurs films. Au-delà de ça, on retiendra l'aspect parfois étrange et obsessionnel de Jacques parfois, sans tomber dans quelque chose de malsain, comme un Scorcese le fera avec un autre protagoniste new-yorkais. Les bandes qu'il enregistre notamment, et que l'on entend lorsqu'il est dans le bus ont le don de planter le décor, les réflexions poétiques et hésitantes du personnage accompagnant le film au cours de certains moments, dans un bus, au pied d'un immeuble...