Bryn Chainey, cinéaste gallois passé par le court-métrage expérimental, signe Rabbit Trap - présenté au Festival européen du film fantastique de Strasbourg (le FEFFS) dans la compétition internationale de films fantastiques - qui marque son premier long métrage. Dans ses interviews, il parle beaucoup de mythologie galloise (il a étudié ça pendant des années), de folklore et de champignons magiques (enfin, presque). En vrai, l’idée de départ est plutôt élégante : créer un lien, un pont, entre le son, écho fantomatique, qui se loge en soi et le folklore local en miroir d’un trauma personnel. Avec une discrète mais quand même présente volonté de vouloir rendre un peu hommage aux pionnières de la musique électronique - Delia Derbyshire, Laurie Spiegel, Suzanne Cianni - ces femmes qui faisaient chanter les machines avant que ça devienne cool. Et tout le concept de Rabbit Trap repose là-dessus : le son comme porte d’entrée vers l’invisible. Plutôt ambitieux.
L’histoire : Deux musiciens s’isolent dans une maison au cœur du pays de Galles pour enregistrer des sons anciens. Mais peu à peu, leurs expérimentations réveillent une présence enfouie, entre la terre et leurs souvenirs.
Alors évidemment, avec un pitch comme ça, on capte assez vite que Rabbit Trap va jouer la carte de la sensation et du suggestif plutôt que d’épouser le déroulement classique. Plus jouer la carte du trip évanescent que de l'histoire basique. C'est un style. Deux personnes qui collectent le monde, et se prennent leurs fantômes sonores en pleine gueule. Dev Patel (The Green Knight, Slumdog Millionaire) et Rosy McEwen (Blue Jean, Vesper) tiennent bien le truc. Jade Croot (excellente, touchante, très beau boulot), jouant "L'enfant", androgyne, sensible et étrange, parfois inquiétante, est le point d’équilibre. Mais le vrai héros, c’est le son : bourdonnements, fréquences, souffle, grésillements, oscillations, bruits des feuilles et des arbres, de la nature et de ce qu'elle cache. Ou de ce que l'on cache en soi. Perso, j'aime bien cette logique du son comme protagoniste. Un peu perché, mais ça tient debout. C'est assez hypnotique....
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