Précédé d'une réputation délirante en Angleterre, loué par Edgar Wright, classé dans les meilleurs polars anglais, The loong good friday est pourtant un film totalement méconnu de par chez nous. Il a été pourtant exploité en salles (et sorti en dvd), mais ça ne fait pas honneur à ses immenses qualités.
Car oui, c'est un très grand film.


Quelque part, on pourrait dire que c'est une version anglaise des polars de la Warner des années 1930 où James Cagney incarnait des gangsters souvent mémorables. Ici, nous sommes dans l'Angleterre de la fin des années 1970 et Bob Hoskins incarne un truand qui essaie de se racheter une virginité en rénovant une partie de la ville de Londres ; il a pour ça l'aide d'Américains qui apportent des fonds en échange de vils services. Sauf qu'en même temps plusieurs de ses collaborateurs se font tuer, et quelque part, Hoksins, accompagné de sa femme jouée par Helen Mirren, va mener sa propre enquête pour savoir qui entrave sa réussite.


Comme dirait l'autre, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir, et c'est vraiment ce qui se dégage de ce film où nous sommes dans une sorte d'oppression, car le second degré n'est pas de mise, et quand Bob Hoskins enquête, ça ne rigole pas.
C'était d'ailleurs les débuts de l'acteur anglais, issu du théatre, et il faut dire qu'il est extraordinaire, une grande performance qui aura sans doute donné des idées à Joe Pesci dans les films de Scorsese, car on y retrouve ce calme apparent, mais d'une grande froideur, où peut intervenir à tout instant une violence qui marque. On sent le personnage qui a tout vécu, qui est passé par de grands accès de colère, et imposant le respect par son charisme : on peut même le trouver détestable. A ses côtés se tient Helen Mirren, qui n'est pas accessoire, car si elle n'approuve pas totalement les méthodes de son mari, reste quand même avec lui et l'aide même dans quelques circonstances.
C'est également dans ce film qu'on découvre un tout jeune Pierce Brosnan, qui incarne un des fameux tueurs.


L'ambiance parfois suffocante participe à la grande réussite du film, avec des scènes pouvant être très violentes, où la torture est de mise. On dirait que la ville même de Londres est contaminée par cette noirceur, avec une superbe photo, pour une histoire vraiment passionnante, qui aboutira sur un fond plus politique qu'il n'y parait.
Dans les menus défauts que je signalerais, ça serait surtout la musique, qu'on croirait signée Jean-Michel Jarre, et qui dénote parfois un peu, sauf dans ce final magnifique où en un seul regard, tout est dit sur la violence qui surgit de la violence.


Un grand film de gangster, c'est ce que The long good friday est, et qui digère très bien ses illustres références américaines.

Boubakar
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le 30 sept. 2018

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