"Radio Prague, les ondes de la révolte" de Jiří Mádl plonge le spectateur dans le Printemps de Prague de 1968, un épisode historique marquant où la Tchécoslovaquie tenta de secouer le joug soviétique avant d’être écrasée par les chars du Pacte de Varsovie. Si le film a rencontré un succès populaire en République tchèque (près d’un million d’entrées, soit 10 % de la population), il peine à transcender son statut de reconstitution académique pour offrir une expérience cinématographique mémorable.

Le film suit Tomáš, un jeune technicien radio pris dans la tourmente de la résistance journalistique contre la censure communiste. Inspiré de faits réels, le scénario met en lumière l’abnégation des employés de Radio Prague, qui ont continué à émettre clandestinement lors de l’invasion soviétique . Le sujet est incontestablement fort, d’autant plus qu’il résonne avec la guerre en Ukraine. Cependant, Mádl opte pour une mise en scène trop sage, oscillant maladroitement entre thriller politique et docudrame sans parvenir à insuffler une véritable tension. Les séquences d’archives, bien qu’efficaces, sont noyées dans une narration linéaire qui manque de souffle.

Le film souffre d’un manque d’ambition visuelle. Malgré une photographie soignée, Prague (pourtant si photogénique ), reste en arrière-plan, réduite à un décor secondaire. L’essentiel de l’action se déroule dans des salles de rédaction étouffantes, ce qui limite l’immersion. Le film rappelle davantage un téléfilm qu’une œuvre cinématographique, avec des choix de cadres et de montage peu audacieux . La bande son originale, plutôt lourdingue, échoue également à compenser cette absence de singularité.

Le cœur du film repose sur le dilemme de Tomáš, tiraillé entre la loyauté envers ses collègues et les menaces de la police secrète. Si le personnage principal livre une performance touchante, son arc narratif manque de surprise : l’issue historique étant connue, le suspense peine à convaincre. Les autres rôles apportent certes une dimension humaine, mais leur traitement reste superficiel, faute de point de vue pour approfondir leurs motivations.

"Radio Prague" remplit son rôle de devoir de mémoire, notamment pour un public tchèque qui y voit un hommage à ses héros méconnus.
En revanche, il échoue à transcender son sujet pour en faire une œuvre artistiquement marquante.
Un film honorable, porté par son engagement politique et son contexte historique, mais qui manque d'audace cinématographique. À voir pour son récit captivant, mais sans attendre de révolution formelle.

Radiohead
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le 1 avr. 2025

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