Sans doute parce que la France est en pleine crise politique suite à la réforme des retraites, je me suis mis en tête de regarder un film ton sur ton avec l'actualité. L'âge pivot c'est pas pour Rambo. Bien évidement, les cabrioles de notre étalon italien se raréfient mais malgré tout le voila à dos de jument dans une pampa qui sent bon le redneck et le cliché. Le message subliminale s'est depuis longtemps écarté de ses origines, transformant la victime en bourreau. Caricature de lui même se rêvant héro dans un monde qui n'existe que dans les esprits tordus. Un monde dangereux en dehors des frontières américaines.
Rambo V c'est l'amérique de Trump. La paranoïa des républicains sur pellicule, les fantasmes les plus sombres de l'idiocratie redneck et bornée, toujours incapable de voir son voisin autrement qu'en vilain psychopathe. Rien à foutre de la culture mexicaine (en dehors d'un plan sur la santa muerte donc paie ton cliché), rien à foutre que ce soit une des chercheuse du GIEC qui soit à la tête de la capitale de ce pays infernal, rien à foutre de la diversité culinaire, de son histoire. Seule l'amérique compte, mais comme dans tous discours politique, il faut désigné l'ennemi et le caricaturer pour être reconnu comme son antagoniste parfait, patrie de dieu, du pétrole et du plus haut taux de pauvreté des pays occidentaux.


En 2019, Jon Rambo trouve la paix dans son Arizona natal, mais Jon c'est pas un fonctionnaire. L'authentique américain, figure de l'homme fort (éclaté par la chirurgie esthétique) qui se balade à cheval avec sa fille de coeur d'origine mexicaine. Jolie, gentille, douée, qui n'écoute pas le brave Jon et traverse la frontière pour aller dans le pays maudit dont se protègent les américains à l'aide de grands murs, à la recherche de ses racines et de son papounet. Le petite Gabriela (non sérieusement.... t'as pas plus cliché film ?) est l'exemple de la "bonne" mexicaine, elle va à l'université, elle est vierge (sérieusement film ?) tout ça parce que sous le soleil de l'oncle Sam elle peut s'épanouir harmonieusement (et rembourser son prêt universitaire sur 30 ans) bien à l'abris de la patrie du vice, de ses origines malsaines. Malheurs à ceux qui détournent les yeux de la bannière étoilée et retournent au Mexique, comme son amie d'enfance qui n'hésite pas à la vendre contre un bracelet en or. Le Mexique, la patrie des vilains. Le papa de notre pauvre Gabriela lui rappelle que lui il est mexicain (donc vilain) et dans un monologue aussi drôle qu'irréaliste lui explique les raisons de son abandon. Toute déboussolée, Gabriela se retrouve embarqué en boite où des trafiquants d'âmes l'a drogue pour la prostituer. La jeune colombe américaine salie par la perversité mexicaine. Alors autant vous dire que Jon voit rouge, il ressort du placard son couteau encore maculé de sang séché des anciens ennemis de l'amérique (un mélange vietnamien, afghans supplément salade), et part à sa recherche. Gabriela est cliché au possible, les scénaristes ont du prendre un rail de travers devant une série de disney channel et ont pensés que c'était une bonne idée d'implanter un ersatz d'Hannah Montana à hémoglobine land. Le côté figure paternel de Jon ne colle pas, tout sonne faux, c'est creux comme un 4.33 de Cage.
Structure narrative ramboesque oblige, Jon au départ se fait copieusement déboîter la mâchoire par les vilains mexicains sadiques. Mais c'est mal le connaître Jon, il a des actifs chez black rock et continue de taffer (un dur de dur je vous dis).
Un personnage pop dans le scénario et vient à son secours. Les jours passent, l'estomac de notre Jon se fait progressivement à la nourriture mexicaine, et le voila un beau matin assis sur une chaise à attendre sa bienfaitrice (j'aurais du faire un compteur de cliché pour ce film). Mais Jon s'est trop reposé, et Gabriela contrairement à Jon ne se relèvera pas. La suite... Et bien la suite offre une vingtaine de minutes de spectacle sanglant et explosif. Permettant à de multiples acteurs de jouer les cadavres en devenir. Ca gicle (moins que dans le IV) c'est fin comme une séance chez le proctologue. Cependant une bonne idée dans le lot: dans les l'esprit tourmenté de notre Jon national, ce dernier se recréer les tunnels du Vietnam, rare évocation de son passé traumatisant et des séquelles de la guerre. Lieu qui servira par ailleurs de grand final. En mode guerillos, Jon découpe, éclate, broie et termine par crucifier le vilain de service, et lui arracher le coeur. Un personnage qui n'a pour ainsi dire aucun charisme, devant lequel on ne tremble pas, qui joue comme une patate. Une fois la vengeance assouvie. Il termine sur son rocking chair, blessé, dans un monologue navrant de patriotisme. Sérieux Jon... T'aurais mieux fait de prendre ta retraite, on l'a répéter, à un âge ça devient ridicule. Moralité: y a un temps pour tout.

Créée

le 6 janv. 2020

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